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Retranscription et résumé - format court

La TÉLÉVISION et NOS ENFANTS
par le Dr William Théaux

Conférence animée par APEL - le Jeudi 20 novembre 2003

 

AVERTISSEMENT :

La conférence ci-dessous retranscrite, est exemplaire du concept de païdomorphose - introduit par le psychologue américain T.Leary; sans qu'ils soient mentionnés. Païdomorphose signifie la conception d'une évolution (darwinienne) qui ne s'établisse pas sur les effets de l'interaction entre une espèce, caractérisée par sa forme adulte, et son environnement - mais sur l'interaction des éléments en formation (enfants, jeunesse) de cette espèce et de son environnement. Les règles de l'interaction mises alors en jeu, sont beaucoup plus complexes, mais aussi beaucoup plus proches de celles que la cybernétique implique en pratique et impose à notre conscience.

Ci-dessous le compte-rendu projeté pour une distribution format A4 aux membres de l'APEL


 

   Nous avons commencé par l'analyse d'un titre du magasine qui m'était présenté au motif et support de la conférence. Il en ressortait que ce texte refoulait, au sens psychanalytique, le fait que la télévision s'adresse aux adultes comme s'il s'agissait d'enfants.
   Bien qu'on ne refoulât jamais une vérité sans raison, dans le cas présent la question tenait trop au sujet - la Télévision et les Enfants, précisément - pour qu'on la repousse ; et pour éclaircir l'embarras, nous allions considérer la télévision selon la manière dont l'enfant approche et découvre le miroir.
   Cet objet qui réfléchit, qu'on appelait psyché, c'est à dire aussi âme, est en psychanalyse théorisé comme un Autre, avec 'A' majuscule - notion faite pour savoir si le reflet du monde que présente la télévision est propice aux enfant ou si elle réduit à l'enfance. Sur cette promesse et à l'issue de ce préambule, nous passions aux questions.

 

Q : La télévision est-elle nuisible ou pas; faut-il ou ne faut-il pas en avoir une à la maison lorsque l'on a des enfants?

   L'expérience montre que priver un enfant de télévision peut avoir de très bon résultats pour une reprise de dialogue familial. Mais un sevrage prolongé risque d'entraîner une trop grande différence d'avec ses semblables.

Q : Alors la télévision, mais à quelle dose ? :

   En moyenne dans la population, un enfant reste deux heures par jour devant la télévision. Mais la présence d'une grande sœur, d'un grand frère, d'un parent ou d'un éducateur - nous dirons d'un "petit autre" à son côté - contrevient presque radicalement à la subjugation, et relativise considérablement le facteur de la durée, ou de la dose.

Q : Le caractère choquant des images, violence, pornographie.. :

   On a pu élaborer des théories qui justifient que la violence dans un spectacle ait un effet positif, d'abréaction, d'évacuation et de maturation. Il s'agit néanmoins de théories douteuses, et qui présentent un danger évident. De surcroît des observations neurologiques révèlent que la sensibilité du spectateur est accrue dans la mesure où l'image représente la réalité. Ce phénomène explique l'intérêt pour la TV-Réalité - en même temps qu'il ouvre à une perspective plus large, essentielle à l'évaluation éducative et psychologique de la télévision :

intervention : La psychanalyse ici se distingue à l'étude d'un 'miroir' aux dimensions planétaires, dont moins la taille que la forme importe : bien que la planète, dit-on, ait été centrée depuis la description du système solaire, la structure en réseau de l'information télévisuelle replonge son image spéculaire (l'image du miroir télévision) dans une structure sans centre. Observation que la question/réponse va continuer à éclairer :

 

Q : Que penser de la publicité ? :

   C'est l'occasion de comprendre le paradoxe de l'a-centrisme ; car la télévision, en réseau planétaire, affiche un désir très apparent, de manipuler, d'agir sur le spectateur, tout en étant sans Idéal, sans orientation ni centre de manipulation. C'est en cette énigme où la propagande n'égale jamais le désir que la Télévision devient Sphinx moderne, éminemment éducative à la réflexion ; dont la psychanalyse éclaire la pratique.

intervention  :  Le concept d'Autre aide à comprendre le régime de l'image et du désir, en offrant l'histoire que nous avons tous parcourue ; commençant avec notre mise au monde, ouvrant à la période où toutes images étaient égales. Pour l'enfant nouveau-né ne diffèrent pas encore l'image animée d'une personne qui entre dans sa chambre, d'une autre qu'on voit à travers la fenêtre, ou d'une troisième que présente un écran télé. Sur cette base de formation du cortex prend racine l'image du moi. La phase qui suit développe ce qu'on appelle le 'stade du miroir'.
   Bientôt parmi toutes les images, celle qui paraît au miroir devient élue, toujours présente, à la réponse parfaite - jusqu'à ce qu'à l'issue d'une idylle narcissique, elle avoue un manque de véritable interactivité. Les techniciens disent alors que cet Autre n'a pas d'Autre.
   Brusquement l'image spécaire représente la mort et c'est ainsi qu'un Sujet s'engage dans la vie - à  la condition toutefois d'un témoignage, échangé avec un semblable, présent avec lui devant le miroir pour confirmer le deuil narcissique et sa promesse.

   Telle est la raison de l'essentielle précaution à prendre dans l'éducation des enfants à garantir à leur côté durant leur contemplation de la télévision, une présence altruiste, adulte ou éducatrice..


   Pour conclure (*), on aura remarqué que c'est un manque d'interactivité dans le détail de l'Autre, qui suscite la quête d'un témoin. Il s'agit également du manque de regard propre à la télévision susdite : planétaire. Ce témoignage est profitable car, devant le miroir c'est l'occasion de partager une reconnaissance avec un semblable (un "petit autre"). Or devant la télévision se produit une autre occasion, car devenant ordinateur, à la différence du miroir pour toujours inerte, elle acquiert l'interactivité qui lui manquait. Le stade du miroir prend ainsi fin, ainsi que la télévision, et nous entrons dans un nouveau stade.

 

 

 

note (*) :  ce dernier paragraphe a d'abord été proposé, un peu différent.