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Les travaux de Thoth concernant la Lettre sont illustrés par son traitement d'Hathor qu'il introduit au panthéon.

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   Nous savons à présent que ce qui nous réunit, c'est la très haute probabilité que l'identité historique de Moïse est celle d'un nom d'Akhnaton de même que l'identité d'Oedipe, qui aura été un autre nom de cette même personne. Parmi de très nombreux indices qui vont jusqu'à en faire la preuve, l'histoire procure Trismégiste, encore un autre nom qu'on appliquait à roi d'Égypte qui, disait-on, aurait soutenu plusieurs identités. Depuis qu'Akhnaton est découvert, dur comme pierre, cette identification coule de source et s'impose. Or depuis un siècle, toutes sortes de spécialistes concernés ne l'envisagent même pas comme une hypothèse ! Nous mentionnerons les trois, quatre joyaux qui suffisent à déclarer l'évidence, mais songeons à tous ceux qui, explorateurs patentés n'en reviennent pas, ou reviennent bredouille, bredouillant sans avoir rien vu. Il doit y a voir une sorte de lionne sauvage qui les a dévorés, ou une femme merveilleuse qui les a hypnotisés. Le conte que nous a rapporté Daniel dit bien que c'est en masse, " presque tous " succombent ou échouent. Mais est-ce bien un lionne ? ou est-ce bien une femme ? ou s'agit-il de métaphore.. qu'est-ce que Hathor pourrait bien être d'autre ?

   Nous avons Thoth et la lionne féroce ; plus tard nous trouverons Actéon et Diane dans un jeu plus complexe ; mais dans les deux cas, il semble s'agir de la Vérité à des degrés, dans des formes ou des états divers. Thoth semble être en face d'une logique directe ; Actéon n'est pas surpris par Diane directement. Ce sont ses propres oeuvres, ses membres ou ses outils qui dévorent Actéon dans sa fascination. Avec la Hathor, Thoth est directement face à ce qui le sert, le protège et le dévore. Mais ce quoi s'agit-il ?

   L'Histoire - la grande histoire - nous apporte une indication supplémentaire : dans son idéalisation de Thoth, Akhnaton va évoluer comme Moïse, puis comme Hermès, ou Phaëton, ou Orphée, ou Oedipe.. des tas d'autres noms... le langage n'est pas à un près ! mais à nous en tenir aux principaux rôles, nous observons qu'Israël ou la Bible, la Thora.. hum.. ressemble à une lionne féroce.. et que comme Thoth, en Grèce Orphée utilise des jolis mots ; mais ça ne lui réussira pas si bien en fin de compte.. il finit lapidé par les furies. De Moïse à Orphée, quelque chose n'est donc pas passé.. Qu'est-ce que Thoth amène au Panthéon des dieux pour qu'avec lui, ça marche ?!
   Ce que Thoth amène dans le Panthéon pour qu'on y puisse s'entretenir de l'amour et du plaisir, c'est à dire signifier la Nature sans qu'elle nous dévore, c'est ce que Moïse apporte au monde. Moïse met au monde la lettre, l'écriture. Akhnaton célébrant Thoth, donne à l'humanité l'alphabétisation ; c'est un acte très probable de ce pharaon. Cela nous mène à envisager une signification moderne d'Hathor ; il s'agit de La Lettre.

   L'identification de Hathor à La Lettre est une belle solution pour concilier la matrice et la signification. J'ai depuis longtemps identifié la lettre à la matrice du Hors - ainsi j'ai publié l'Ame Hors il y a quelques années ; mais je ne suis pas grand chose. Par contre voyez Israël pour l'identification à la Lettre. Une fois qu'Akhnaton a délivré la lettre au loin, dans les marais si on peut dire, nous y trouvons une sorte de lionne sauvage. Mais de même qu'il est plus facile à une femme d'être une lettre que d'être une lionne - je parle de choses concrètes - c'est également facile à Israël. Seulement une fois introduite au panthéon, il faut y durer et savoir s'y tenir. Or si Hathor admit un moment qu'elle était une belle lettre, il n'est pas facile ensuite de faire admettre à une lettre qu'elle est une lettre. Pour cela, les mots doux d'Orphée n'ont plus suffi.

   Pour cette identification, d'Hathor à La Lettre, d'essentielles coïncidences s'ajustent aussi dans l'autre sens, de La Lettre à Hathor. Qu'est-ce qui, par exemple est féroce dans la lettre ?! : la lettre que l'on entaille dans le bois ou la pierre est aussi déchirante qu'un coup de griffe de lionne, elle meurtrie la subtilité de la pensée; elle la fixe et la fige, l'arrête.. les analogies entre la lettre et la mort sont classiques, éternelles. Et très tôt le marquage du bétail, comme Daniel le faisait remarquer, se charge de l'analogie avec la douleur. Mais il y a bien plus encore :
   A la raison pour laquelle elle intéresse les dieux - cette série de phénomènes qu'elle permet : l'amour, le plaisir, la souffrance et la mort - la Lettre ajoute ce qui terrifie même ces dieux : l'hypnose. Les humains en ont moins peur puisqu'ils baignent dedans, mais pour un dieu, quelle déculottée !
   Ce dernier argument est un pari que je fais, car on ne sait toujours pas ce que c'est que l'hypnose. Certes, on comprend bien que quiconque a bu le lait de la lionne, comme celui de la lettre, passera sous sa protection mais il y a lieu d'ajouter probablement qu'il ou elle sera également chargé d'une faiblesse qui est celle de devenir hypnotisable. Souvenons-nous que c'est au constat de l'hypnose que Freud inaugure une théorie qui n'aura plus de cesse de chercher sa clé dans la psychologie collective ; comme s'il s'était rendu compte qu'elle, l'hypnose, la lettre, dévorait la conscience. Ainsi le sort des bergers disparus quand, hors de l'Eden de l'enfance, il sont anéantis dans le destin du pion, du jeton dans le marais de la masse. Ainsi le sort des lettrés, universitaires zombifiés - unis vers Cythère et s'y taire, évidemment, au bon plaisir de la lettre.

   Par conséquent, Thoth aura rencontré quelques soucis dans son introduction d'Hathor au panthéon Grec. Certes il aura bien commencé, avec les mots doux d'Orphée. Mais une fois dans le panthéon encore faut-il y rester en bonne intelligence. Orphée termine mal, lapidé par des 'lionnes' . On pouvait s'en douter dès le début ; en Égypte on contait la prouesse de Thoth - mais à la fin de la Grèce, son échec se constate, objectivement. C'est ainsi que Thoth devra ajouter de nouveaux stratagèmes et probablement aboutira à devenir un Trismegiste - a savoir un magicien, habile en quelqu'instrument - nous le verrons, un art de la mémoire, quelque cybernétique, bref tout un appareillage.. 

   ..pour qu'Hathor soit non seulement introduite mais assimilable et participante du degré des dieux.

   En pratique, n'est-ce pas..  pour que la globalisation, infusée, allaitée, habilité par la lettre - ne déclina pas rapidement dans la tyrannie, une nouvelle sauvagerie, l'impossible pouvoir de l'Un. C'était la version très pratique du problème pour Akhnaton.

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