L ' âme éprise

 

 

 

 

   Mon voyage en Chine a fourni son lot d'inattendu et source de réflexion.  Un impair - dirons-nous - aura été particulièrement riche et remuant. La raison s'impose que je le décrive et commente.
   Il eut lieu sur la scène d'une classe d'étudiants universitaires en français enseigné par ma fille qui voulait que les visiteurs français du groupe que nous étions, apportassent leur contribution en offrant l'occasion de converser. Il sera utile de préciser qu'une des premières questions qui m'avait été posées demandait à savoir comment soigner ou guérir d'un état dépressif. J'avais répondu que l'on pouvait employer la chimie et/ou explorer la mémoire. Avec la mémoire, nous entrions au cœur de la personne subjective.
   Quelques instants plus tôt des étudiants nous avaient quant  à eux expliqué comment leur écriture pouvait se décomposer en racines - un idéogramme se trouvant volontiers composé de plusieurs.

 

fig : 1

   J'étais donc mené à préciser que la mémoire peut être explorée, elle aussi, par 'analyse'.

   C'est moins par la remise en valeur après sa retrouvaille d'une image que la mémoire est salubre que plutôt par le débrouillage des racines qu'elle plonge dans le passé.
   Comme les racines idéographiques plongent dans la littérature, elles portent ainsi l'esprit de leur images princeps.

   Je m'évertuais donc à exploiter notre exercice linguistique précédent - en vue de montrer que la mémoire contre la dépression, est comme un idéogramme, composé de plusieurs.

 

   L'analyse de la mémoire est comme celle des idéogrammes. Le type de leurs racines confondues telles qu'on les dit enchaînées, avait fait l'objet de ma première étude : un premier livre qu'on trouvait d'abord au Quartier Latin et dont la suite avait mené jusqu'à FLEUVE, une publication qui traversa l' Atlantique jusqu'à la Bibliothèque Municipale de New-York - ce qui, pour quelqu'un d'aussi refoulé que moi par ses confrères, n'est pas rien ! Ce livre, particulièrement, eut un destin étrange puisqu'on le trouvait classé là, à la rubrique "Marxisme".
   Sans que je la repousse, cette classification signifie pour moi ce que je éclaircis en quarante cens de carrière ; à savoir que la chaîne signifiante est d'images à l'effet de laquelle un refoulement fonde ce qui le permet lui-même en créant ses moyens : l'hypnose et la politique.
   Je tenais à ne répondre à mes interlocuteurs que de ma fonction de médecin à leur question sur la dépression.  C'est pourquoi j'éliminais au motif de 'tabou' ces deux termes (hypnose et politique) comme du Sexe et de l'Esprit - et me concentrais sur le cœur dont l'empire, au milieu, se satisfait et suffit de la relation sociale. Cette seule raison sociale est ce que j'appelle le PLuriel ANalytique : il s'agit de la parole vierge et ingénue, sans hypnose et sans politique. Elle guérit la dépression autrement que la chimie qui simplement l'éponge.

 

   Tandis que je les prononçais, mes paroles terrifiaient ou désespéraient ma fille. Elle m'entendait dire à ses étudiants des mots qu'elle pensait être source de redoutables ennuis. Si j'indiquais des termes tabous sans en traiter, j'en disais encore trop de les indiquer seulement. Mais si la politique par exemple est un savoir interdit, n'en rien dire jusqu'à taire même son interdiction et n'en prononcer-pas le nom, gravit les degrés du non-savoir à n'en rien vouloir savoir . Or ce degré absolu nourrit la dépression. Par contre, posséder la raison du non-savoir s'appelle la sagesse.
   Cette limite étroite où l'on sait qu'on ignore et s'apprête à l 'admettre est dénommée castration - c'est une dénomination encombrante mais traduisant bien ce qu'on redoute même face au pire que serait perdre la vie. Parler du non-savoir évite l'ignorance radicale et absolue, du suicide ou de la mélancolie. Parler du refoulement, c'est une excellente façon de se taire ; et bien sur c'est l'occasion de dire la vérité - soit à des machines, ce que personne ne croit, soit, comme on le dit bien quand on ne veut rien entendre : " à d'autres ! "

 

   Voici comment je présentais ma thèse ; un étudiant ayant affirmé que l'idéogramme en forme de carré qui représente le soleil constitue une image évidente (du soleil), je continuais continuais avec son exemple. Je marquais au tableau S O L E I L - puis avec mes mains je cachait ce qu'ici j'écris en gris pâle pour faire :

S O L E I L .

   Ainsi le ' O ' ressortait clairement en image circulaire valeureuse concurrente du carré picto/idéographique.

fig : 2

 

   Peut-être aurais-je le temps de considérer plus après la raison d'un carré par l'écriture chinoise. Pour l'instant je dois défendre ma démonstration qui parut à l'auditoire comme une farce. On me demandait ce qui signifiait la lune ; et je faisais exactement de même pour faire ressortir son croissant : L U N E .

   L'exploit ne parut pas convainquant. Mais je n'avais ni assez de temps ni assez de crédit pour pour faire paraître qu'au soleil, la lune est opposée pour ce que ce qui y est lu est simplement nié par le ne - de sorte que son croissant de l'U s'éclipse - cependant que l' O qui cache le rôle de l'OEIL dont, sans le regard, le SOL , de l'originaire latin, dit autant ce qu'il voit - le sol - cerné des deux lettres, s et l , cache ce qu'on appelle refoulement . Plus éblouissant que la négation, on prête à l ' O qui s'éclipse dans le SOLEIL de ce qu'il est OEIL sa manifeste présence en une dénégation.

   En d'autres temps, d'autres lieux, ces calculs de lettres auraient été nommés cabale ; mais ici le propos n'a d'autre ambition que science. Objectivement l'idée d'un cercle vient à tout enfant quand il apprend à écrire la lettre O - et avec le cercle son lot d'image. Toute lettre s'associe évidemment et neurologiquement à une image. C'est inévitable et c'est un fait qu'on ne peut contester que par le refoulement. Il ne peut y avoir qu'une fiction ou un mythe qui puisse soutenir la thèse que les lettres ne soient pas pour le cerveau des images. Ce qu'on appelle l' arbitraire de la lettre est une dénégation de sensations primordiales. Comment ces impressions premières pourraient être réellement oubliées ? Elles sont à la base historique de l'écriture, comme le Sol à la Terre !  C'est donc avec la notion de l'Inconscient qu'on admet que le statut d'image des lettres demeure dans la mémoire refoulé.

  
   Certes nous ne sentons pas que la terre tourne -  et pourtant elle tourne ; certes l'académie affirme que ses lettres ne sont pas des images - le sol dit-elle n'a pas de sens -  et pourtant ce sont des images. Il est si curieux de voir la farouche obstination à décrier que nous écrivons toujours de manière idéographique, qu'il est raisonnable d'être intrigué. Lorsque je viens de souligner le mot ' toujours ' c'est parce que les règles formelles de cette obligation ont été décrites comme lois cybernétiques (Lacan.Ecrits) ; ce sont les ordinateurs qui finiront par détecter cette préséance comme il est dit à la fin des appendices du séminaire sur La Lettre Volée. Puisque cette interprétation comme l'Intelligence Artificielle est inéluctable, ce qui demeure d'existentiel à l'être humain et continuant à soigner sa dépression estime comment la politique s'accroche à cette considération linguistique.

   Le soucis de simplicité appelle la première des idées qui puisse alors venir à l'esprit ou à la mémoire : le O fut une icône d'une importance considérable au moment où, dans l'histoire de l'humanité, la lettre apparut avec certaines conséquences à la population d'Israël. L'écriture était antérieure à cette date - environ 1000 avJC ; mais à partir de ce moment elle devint alphabet pour un destin collectif - ce qu'on appelle alphabétisation concomitant d'une conviction morale collective dénommé monothéisme et traduit ailleurs par des républiques. C'est du moins ce qui semble ; et que ce soit au moins semblant suffit à ce que ce soit agent du moins dans cette occurrence. Je m'explique :

Histoire globale : 

   On admet qu'une écriture idéographique - idéogramme, phonogramme - en usage vers 3500avJC, devint cunéiforme vers 2500avJC, c'est à dire faite de traits - de 'ronds-carrés' . Elle fut d'autant plus liée au pouvoir qu'elle fut de moins en moins évidemment déchiffrable. Un tel statut d'écriture réservée aux institutions d'état disparut quand en 1000avJC l'alphabet s'imposa. Évidemment, une question d'importance se pose alors : d'où vint l'alphabet ? Longtemps on a pu penser que c'était Dieu qui l'avait déposé sur le Sinaï avec les Tables de la Loi - ce qui n'est peut être pas tout à fait faux, même aux vues de la science, dépendant de ce qu'on entend par Dieu. On appelle encore les premiers alphabets ' sinaïtiques ' . L'académie leur estime une origine égyptienne ; faute d'une meilleure explication, linguistes et sociologues attribuent leur organisation à des ouvriers migrants. Cette raison de classe est néanmoins sommaire au regard de l'impact technique et des conséquences historiques qui se sont principalement attachées à - autour si l'on peut dire de - sa forme dite carrée, à savoir l'Hébreu.

Structure intime : 

   Si les anecdotes histoire pressent à scruter plus intensément le carré hébreu, il est requis de prendre en compte la thèse de Stan Tennen que je rappelle : selon ce rabbin, ce sont les ombres d'un seul et même objet de forme à peu près spirale, qui figurent selon des angles de projection divers, les lettres de cet alphabet.
   C'est une admirable découverte.. d'abord que parce qu'elle est si simple qui rien n'empêche qu'elle fut déjà connue. Composer l'alphabet rien qu'en tournant devant un écran un petit objet simple à la lumière d'une bougie a été certainement pratiqué souvent. L'expérience devient donc ' admirable ' en ce qu'il suffit d'y réfléchir pour que la thèse prenne corps. Il n'est pas nécessaire que cette origine (une série de projection) de l'alphabet soit véritable pour que - aussitôt étant constaté qu'elle aurait pu l'être - la raison pratique adopte cette origine. Comme un enfant adopté adopte ses parents pour leur fonction véritable, l'alphabet trouve au système d'ombre sa cause - et ceci d'autant mieux qu'il y a en réalité tout lieu que cette règle de formation de ses lettres fut bel et bien - dès l'origine - celle-là. C'est à dire qu'éventuellement 'adopté' comme un enfant s'imagine parfois l'être, il est encore plus souvent l'enfant véritable de ses parents qui sont en pratique toujours son origine psychologique. La thèse de Stan Tennen doit donc être considérée comme réaliste sinon certaine ; or s'il fallut les temps du Web, c'est à dire 3000ans après son usage pour qu'on puisse penser à sa diffusion, c'est qu'auparavant, un phénomène particulier dût la retenir et la maintenir, ici erratique, et là secret. On doit donc affirmer qu'en son régime permanent la lettre alphabétique est l'image idéographique d'un objet sommaire (l'objet " philame " suivant une série d'angles perspectives). Depuis longtemps déjà la légende que l'alphabet fut un hiéroglyphe secret (thèse de Fabre d'Olivet) rapproche cette vue psychologique de l'histoire globale précédemment rapportée ; l'histoire de l'écriture, devenue chiffrée puis secrète révèle donc un ressort complexe en sa vertu.

   Parler du non-savoir c'est non-ça voir. Il n'y a aucune raison d'interdire de voir le non-ça. Tout ce qu'on pourrait interdire, c'est de voir ça - mais certainement pas le non-ça. La politique qui se sert de ce qu'il y a du secret, n'est certainement pas affectée par le non-ça. Y regarder à deux fois comme on le fait ici permet de distinguer que ce qu'on ne sait pas se cache de deux manières. Soit l'idéogramme vient à la place de la chose, soit la chose paraît en idéogramme - la première formule est l'alibi chinois (figure gauche ci-dessous : les idéogrammes recouvrent d'image les choses), la seconde est celui que l'alphabet présente (figure droite ci-dessous : le philame parait sous forme d'anamorphoses, idéogrammes et disparaît, comme les choses disparaissent derrière les idéogrammes). On peut aussi remarquer que les lettres chinoises décrivent à partir d'un seul point de vue en divers points le monde alors que l'idéographie alphabétique décrit à partir d'un seul objet en divers points le monde  :
 

  

fig : 3
Pictographies de divers objets du monde
à partir d'un point de vue central (idéogramme)

fig : 4
Vues de diverses perspectives d'un objet central
 (projections/anamorphoses alphabétiques)

 

Chiffrage commun :

   Ces notions mènent à la question suivante : si nous admettons que la présence d'un objet soit refoulée devant son ombre-projetée que la lettre constitue, voire si nous admettons que tout objet-même soit refoulé derrière l'idéogramme de sa représentation, il reste un fait paraissant secondaire mais peut-être pluss saisissable - à savoir que si l'alphabet est un certain nombre d'ombres, elles sont aussi successivement ordonnées en une série (a, b, c, d, etc..) encore pluss arbitrairement entendue que leur ordre dans les mots et même les phrases. Il y a donc un chiffre, un code sériel, un ordonnancement qui doit être compté lors de l'étude de la lettre alphabétique. Je rappelle que cette sorte de parcours de points perspectifs que l'alphabet ordonne autour de son philame se retrouve dans la progression du voyage de la mémoire tel que la Questions Romaines l'illustre lien sur/par eBook - et je rappelle aussi que l'on serait trompé si cette notion faisait de l'ombre à la présence du Chiffre dans l'idéographie également. L'apparente figurabilité de sa calligraphie cache que ses caractères sont définis par une académie de traits chiffrés et disposés en ordre (par exemple le simple carré du 'soleil' est réglé comme une succession très précise de traits, l'un après l'autre dans une ordre et succession académiquement définis - de sorte que le calligraphe se souvient de traits de pinceaux automatiques, orientés et réglés comme un pas de danse presque robotisé, où l'image s'est totalement oubliée). Nous en avons fait l'expérience avec la provocation de Marie-Anne qui affolait son professeur désespéré de lui apprendre que l'on traçait les idéogrammes suivant une succession chiffrée de directions et d'orientations d'un mouvement de pinceau.

 

fig : 5

   A gauche la figuration imagée et affolante d'une idéographie sur sa page quadrillée traditionnelle et sur laquelle il est de règle que le calligraphe dispose, normalement, suivant une succession ordonnée et définie pour chacun des 200 idéogramme et pluss, l'un après l'autre un trait parmi les huit fondamentaux ; de sorte que le petit personnage de gauche disparaît en une série de mouvements de pinceaux que l'on mémorise comme par exemple "1gauche,6dessous, 6dessous,8droit, 3, 3, etc... "

fig : 6

 

   On voit donc que l'idéographie a largement rattrapé l'alphabet dans une course au chiffrage qui travestit, occulte, ou mémorise l'image - laquelle en tous cas s'y réduit comme un objet refoulé.

   On se demande donc ce qui reste qui puisse faire différence entre les deux écritures (occidentales et asiatiques) et les mentalités - voire le conditionnements hypnotiques - que l'une et l'autre conditionnent. Une sorte de dérive qui a emporté Stan Tennen dans le courant du New Age contemporain nous permet encore de le voir. Lorsque l'on considère le chemin dans l'espace que l'œil parcourre autour du philame pour contempler ses diverses anamorphoses perspectives, nous pouvions reconnaître l'analogue d'un tracé prescrit au touriste visiteur des Questions Romaines. Mais à l'opposée de chacune de ces positions, sur la sphère où les ombres imaginaires des lettres se projettent, nous trouvons ce qui est connue dans la sphère céleste comme le zodiaque. C'est une similitude qui saute aux yeux et qui autorise Tennen et autres, à croire voir, dans le cheminement de l'alphabétaire, le chemin ou la piste aux étoiles qui indiquerait par où et comment ont cheminé les extra-terrestres à l'origine de notre écriture et de notre condition. C'est pourquoi Tennen recommande de bien lire l'alphabet afin que nous puissions remonter au créateur et rejoindre une galaxie originaire.

   La suite du propos est alors ouverte à deux directions : d'une part elle guide vers intelligence de la politique car nous tenons à présent la couverture du non-savoir qui nous garde de la froideur de l'interdit essentiel de savoir ce que le pouvoir imagine - d'autre part elle incite à retenir la précipitation dudit New Age au cas où un accès concurrent à celui de l'extra-terrestre ouvrait à l'espace intime de notre corps propre ; pour la première option j'ai et pour pour cette dernière j'ai consacré une Session (de Soin Social) lien sur/par eBook qui livre une clé alternative au zodiaque offrant à sa place pour une portée plus citoyenne, personnelle et civilisatrice, l'identification au corps .

 

 

 

 

20090228142200-20090307192200
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