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-------- Message original --------Sujet: Részaux lacaniensDate :Sat, 21 Aug 2010 19:12:34 +0200 De :Robert Vallée <robert.gilbert.vallee@gmail.com>Pour :docteur@william-theaux.net
  Cher Dr Théaux,

En pièce jointe (ci-dessous), le résultat de mes réflexions estivales et bretonnes.

Bien à vous
RV

Remarques suite au MESSAGE-04 de DWT

Ces remarques (réflexions) n’ont pas de prétention à la rigueur mathématique même si des mathématiques y interviennent : analogies, métaphores essaient d’éclairer ou d’anticiper la pensée de Lacan, de proposer une incarnation modelée sur un squelette de suites de 0 et d 1 et  de réseaux divers.

  

-Je commence par reprendre un peu ce que j’ai écrit antérieurement. Lacan part d’une suite temporelle S1 aléatoire aussi simple que possible : 2 éléments  (- et + ou 0 et 1), les   2 éléments possibles étant équiprobables (p = ½).

-Il construit à partir de S1 une suite S2 de triades (les diades étant sans intérêt et les quadriades trop compliquées), ces triades successives se recouvrant au maximum (enchaînées).

-Ces triades sont regroupées par « affinité » : constantes (type (1), il y en a 2), asymétriques ou impaires (type (2), il y en a 4) et alternées  (type (3), il y en a 2). On obtient ainsi une suite S3 de triades dénommées (1), (2) ou (3)  selon les cas.

-La suite des éléments de S3 montre que : après une alternée, s’il y a changement, on a nécessairement une impaire etc… D’où le réseau 123.

-Lacan note les « successions » à deux termes (1)-(1), (1)-(3), (3-1), (3)-(3) chacune sous le nom de alpha, les successions (1)-(2), (3)-(2) sous celui de bêta, la succession (2)-(2) gamma et (2)-(1), (2)-(2) delta.

-Il en résulte le réseau  alpha bêta gamma delta

-béta et delta jouent un rôle à part, d’où l’idée de Lacan de les interpréter d’une façon particulière. Il pose d’abord (pour se ramener à des notations plus usuelles)

                             alpha = 11 ou 1,  gamma = 00 ou 0,

                             bêta   = 10 ou peut-être (0  ou encore ( ,

                             delta =  01 ou peut-être 0) ou encore ).

-Le mot système a un sens assez élastique (c’est pourquoi je n’en ai jamais proposé une définition qui risquerait figer la chose, sauf le cas de ce que j’ai appelé système cybernétique). Bertalanffy dit « ensemble d’éléments en interaction «  (il faut ajouter l’environnement et donc distinguer ce dernier du système). Il s’agit donc de quelque chose d’évolutif, de dynamique, possédant à chaque instant un « état ». Pour un système dynamique déterministe, l’état à l’instant t est ce qu’il faut savoir du système à cet instant pour que son avenir soit entièrement déterminé (en mécanique élémentaire : position et vitesse du « point matériel » considéré).Ici on peut dire que les points du réseau 123 sont les états d’un système (système 123).

-On peut alors « voir » le réseau alpha bêta gamma delta (système alpha bêta gamma delta) comme un réseau dont la partie gauche est dite système gamma et où la partie droite suggère un réseau associé ou partenaire (système alpha).Les systèmes alpha et gamma sont un peu comme des « frères siamois » retenus par des « connexions » légères. Ou encore le système alpha bêta gamma delta est prêt à se couper en deux pour donner deux systèmes par « scissiparité »). Enfin, en suivant Piaget,  on peut comparer le système alpha bêta gamma delta à un univers entier où le système qui va devenir gamma (le sujet) apprend à distinguer ce qui est lui est extérieur (environnement), soit alpha. Mais il s’agit là d’interprétations libres simplement brodées sur un support un peu mathématique.

- Dans le rectangle je vois :à gauche : Sa (ombres signifiantes) + v (prisonniers) = gamma

                                           à droite : h (ceux qui ont compris) + x’(le reste du système)= alpha

Le « transfert inverse » va de Sa à x’, en ce sens que les v attribuent à x’ les qualités des ombres. De h à v il y aurait le transfert psi : h pourrait-il jouer le rôle de sur-moi pour v (là je risque de m’égarer…).

-Je comprend qu’on puisse « écraser » le rectangle bêta bêta gamma gamma.qui devient alors « interface » entre gamma et alpha. On peut métaphoriquement y placer les statues, comme lien entre le monde de ceux qui savent et celui de ceux qui sont partiellement dans les ténèbres.

   

J’ai peut-être, chemin faisant, répondu un peu à vos interrogations.

   

Une question : quand on considère deux triades « successives », dont le couple est par exemple un alpha, ont-elles 2 éléments  ou 1 élément en commun ?

   

RV

 

    -------- Message original -------- Sujet: Re: 0 et 1 Date : Sat, 31 Jul 2010 12:04:16 +0200 De : DWT <docteur@william-theaux.net> Pour : Robert Vallée <robert.gilbert.vallee@gmail.com>
   Cher Pr Vallée

a) une réponse :   Pour construire ou trouver le réseau abgc on se sert bien de deux triades « successives » mais pas directement « successives » - on en saute une.

   Par exemple (101)11010 puis 10(111)010.
   On aura donc sauté l'intermédiaire 1(011)1010.

   De sorte que si on accouple celles de l'exemple on obtient (10(1)11)010 - où nous trouvons un seul élément en commun, en l'occurrence un '1'

b) une remarque :   A propos des « frères siamois » (systèmes alpha et gamma du système alpha-bêta-gamma-delta) une réflexion intéressante de Lacan : il explique p.56 " la même structure dissymétrique en effet persiste à renverser par exemple tous les guillemets "
   On sait qu'il ne peut y avoir de suite continue de gamma successif qu'entre parenthèses qui sont elles-mêmes entre parenthèses (plus ou moins largement mais toujours, elles-mêmes 'entre parenthèses'). On peut néanmoins inverser toutes les parenthèses de la chaîne et l'on retrouve la même structure mais avec les alphas au lieu de gammas et réciproquement. J'en fais l'illustration sur une prochaine page que je compose à la suite des autres à l'intention de notre correspondance.

   J'aurais composé cette page dans un petit moment - le temps de réfléchir à mon tour. Cependant je cite ce "renversement de guillemets" pour faire état de cette 'siamoiserie' et du fait de la 'dissymétrie' qu'elle comporte. Autrement dit, les « frères siamois » ne sont pas symétriques, il y en a toujours un qui emporte une particularité (à savoir : des parenthèses elles-mêmes entre parenthèses).
   Cependant cette particularité peut alternativement passer de l'un à l'autre - de sorte que lorsque vous décrivez "des « frères siamois » retenus par des « connexions » légères", ces connexions peuvent être assimilées à cette particularité alternativement à la charge de l'un et l'autre frère.

   Si alors ces « connexions légères » sont illustrées par le rectangle bêta-bêta-gamma-gamma, on peut exploiter cette illustration en ce qu'aucun système alpha ou gamma ne saurait exister sans qu'il soit potentiellement chargé d'une « connexions légères ». Je crois que cette notice indique ce que l'on pourra faire ultérieurement pour éclairer le narcissisme à l'aide de cette systématique Lacanienne.

c) une info :   à propos de cette systématique lacanienne, j'ai trouvé le mathématicien (cybernéticien et/ou logicien) qui aidait Lacan à l'époque, cité dans le séminaire (p.23) ; il s'agit de son ami 'Riguet'.

   Voilà, je vous adresse ce mot et accusé de réception de votre récent mail et me penche un moment à présent sur la suite.

DWT

 

 

Le 20/08/2010

 

I

Introduction par une réponse à une question sur les triades successives

   Voici une illustration du renversement des parenthèses : les lettre restent identiques, seules les parenthèses et parenthèses des parenthèses s'inversent, et les regroupent en conservant également la structure.

...(αγαγ....α)ααααααα(αγ........(γγγγγγγγγγγγ)γαγαγα....γ(γγγγγγγγγγγ).....γα)ααααααααααα.........(αγαγ....α)ααααααα

...)αγαγ....α(ααααααα)αγ........)γγγγγγγγγγγγ(γαγαγα....γ)γγγγγγγγγγγ(.....γα(ααααααααααα.........)αγαγ....(αααααααα

Cette propriété n'est pas surprenante, elle est visuellement facile à saisir en méditant sur le caractère symétrique du réseau 'alpha'.

   Pourtant, le pouvoir cette dissymétrie, de s'inverser comme en miroir (pour une série- continue- de- α placée hors parenthèses, les séries- continues- de- γ sont entre parenthèses de parenthèses), n'épuise pas toute la totalité du phénomène. Du moins selon Lacan ce miroir est psychique pour ce qu'il effectue encore une autre opération. Je suis heureux que nous ayons pu arriver jusqu'au point actuel où nous avons trouvé une communauté de modèle avec la Caverne qui puisse agir (du moins je l'espère) comme un interface traducteur entre votre mathématique et la linguistique de Lacan afin de les relier. Je vais essayer de résumer comment l'objet psychique est introduit :

 

II

L'intersection des deux systèmes (triadiques)

 

Tout d'abord voici la contribution particulière de Lacan au sein de la Caverne de Platon : il place, au lieu de la sortie, à la bouche de la Caverne un miroir.

fig.510 : première action

   J'ai indiqué par 'H' ce qui est 'hors' de cette Caverne (et qui par conséquent n'est plus 'extérieur' comme dans le modèle ancien de Platon) puisqu' évidemment derrière un miroir il n'y a rien. L'extérieur de la Caverne est ainsi annulé, aboli.

Et deuxièmement, comme si ça ne suffisait pas, la psychanalyse en rajoute ! en tapissant la concavité interne de Caverne d'un revêtement réfléchissant ; il n'y avait plus d'extérieur et maintenant il n'y a plus d'ombres !

fig.520 : seconde action

   Mais on sait que les rayons lumineux dans le miroir concave 1) retournent une image réelle  -  que Lacan exploite pour 2) compléter son modèle en justifiant la présence dans le miroir d'une image virtuelle hors de la caverne, permettant, par cette occupation de l'espace virtuel, de restituer Caverne antique (encore imparfaitement toutefois puisque les Anciens ne parlaient pas de faits imaginaires en parlant des dieux).

fig.530 : restitution

   Le premier ajout (miroir plan vertical, A) est de circonstance. Lacan effectue cette mise-à-jour au moment où la cybernétique commence à mettre face au monde sa Réalité Virtuelle - un peu spectaculaire mais au fond propre à signifier son rôle dans notre environnement sensoriel. Quant au second ajout (miroir concave, xy) il n'est pas non plus abusif à la même époque où l'on a découvert avec assez d'exactitude le fonctionnement du cortex - ainsi Lacan décrit en présentant ce qu'il dénomme son 'Modèle Optique' : " ... les voies d'autoconduction que figure dans le modèle la réflexion sur le miroir sphérique (qu'on peut tenir en gros pour imager quelque fonction globale du cortex ".

fig.540 : Modèle Optique

Ce modèle convient très bien la lecture que vous avez résumée :

à gauche : Sa (ombres signifiantes) + v (prisonniers) = gamma
à droite : h (ceux qui ont compris) + x’(le reste du système)= alpha

(a) ombres signifiants + C (prisonnier)
i'(a) ceux qui ont compris + la boite grise, le reste du système

   L'image réelle (le vase qui entoure le bouquet a ) n'est pas indiquée ; cette subtilisation rappelle que cette image relève d'une subjectivation.  Mais elle s'accommode très bien à l'allusion que les ombres sont non seulement ombres mais 'signifiants'. Les autres termes sont devenus routiniers : les prisonniers, ceux qui ont compris, les idéaux, et jusqu'au reste que le modèle optique résume simplement en une boite noire dont Lacan ne dira jamais rien (du moins à ma connaissance).

 

 Pause

   Nous serions facilement dépité de n'être arrivé que jusque là. Car nous n'avons pas encore avancé. Mais voici le nec plus ultra où peut-être trouverez- vous une forte interpellation des systèmes mathématiques. Vous me le direz, je ne peux que l'espérer. Et pour cela il me faut montrer cet ultime pirouette que Lacan effectue encore et qui va donner tout un sens plein et retrouver bien campé sur ses pieds le modèle de Platon restitué.

 

Reprise

   Lacan déclare que ce modèle n'est qu'une sorte d'abstraction préparatoire - et qu'il prend une forme pratique en l'espèce de.. la psychanalyse. C'est à dire que c'est un modèle qui va présenter deux positions. Celle que je viens de décrire forme la position simple et pas autrement nommé que Modèle Optique. La seconde est une phase qualifiée de position psychanalytique. La différence entre les deux est toute contenue dans un simple et unique basculement du miroir A qui se retrouve horizontal.. comme une plate onde.. et je ne sais pas si j'irai jusqu'à exploiter ce dire - du moins comme un nouveau plan de mirage que je dessine ci-contre :

et que la version détaillée de Lacan figure comme ci-dessous :

fig.550 : Caverne restituée

fig.510: Modèle Optique en position psychanalytique

   Je crois que l'on peut résumer l'idée ou une idée de l'ensemble ainsi :

   Les deux systèmes siamois, Caverne et Hors-caverne (gamme & alpha) entretiennent une intersection d'une manière opérée par l'interface A.

   Si l'on se souvient que ce Modèle Optique est issu du Schéma L lui-même issu de la chaîne-réseau alpha.bêta.gamma.delta, on peut puiser dans l'observation de ce dernier une caractéristique que nous situerons dans le premier. Particulièrement s'agit-il d'une distinction entre cogito et faux-cogito  (le faux-cogito est situé par les alternances monotones entre parenthèses simples à la différence de l'énigme suspendue du cogito cartésien situé par des alternances qui incluent des parenthèses redoublées.

 

On repère le faux-cogito ci-dessous entre les parenthèses rouges. Le complexe cartésien est entre les bleues qui incluent le Sujet, Es, freudien entre vertes.

11111111(10...(00000000)01010..0(0000000).....01)1111111111... (10101010... 1)11111

Voici ensuite comment on passe de la chaîne-réseau alpha. bêta. gamma. delta au Schéma L :
 

Si (A)utre est la série continue de 111 (jaune), le schéma L montre qu'il produit directement (flèche du bas) le faux-cogito écrit (moi) a .

Par contre (A) ne provoque (Es)S qu'à travers un double filtre de parenthèses.

Cette médiatisation de 1111 à 0000 au travers d'un alternance 0101010 est marquée dans le schéma L. Lacan dénomme cette grille par laquelle 1111 accède à 0000 du terme de relation imaginaire.

 

Conclusion

 

   Nous sommes à présent arrivés à point d'examen recherché. Si toutes ces comparaisons et écritures que nous avons faites depuis plusieurs semaines arrivent à une conjonction suffisamment garantie, en reprenant notre Caverne, deux observations sont consistantes :

a) vous nommez et théorisez « transfert inverse » (qui va de Sa à x’ - voir figure ci-dessous) le sens inverse de la relation qui va sur le schéma L, de (A) vers (Es)S. Nous avons là une connexion solide entre la psychanalyse lacanienne et vos travaux. Il n'y a aucun anachronisme à ce que l'inverse de la « manifestation inconsciente » porte le nom de  « transfert inverse » - mais au contraire beaucoup d'avantages à joindre ainsi les deux méthodes (j'aimerai appeler votre méthode physique et celle de Lacan métaphysique).

b) une subtilité de bon augure tient à ce que vous ayez vu de h à v le « transfert psi », car cette ligne d'éventuelle relation imaginaire est celle que le lacanisme attribue au Transfert freudien.
   Ce Transfert se produit lorsque la flèche de l'inconscient va rapprocher (Es)S jusqu'à la place de l'(a)'autre.
   C'est sur ce point h ou a' que mérite alors peut-être de se porter notre attention.

Attention

   Si le transfert inverse (de Sa à x’) est frappé d'affaiblissement (par exple: incorporant la relation d'indiscernabilité épistémologique), cet affaiblissement serait 'rempli' - c'est le terme qui me vient : ce manque serait rempli, compensé, par ce que Lacan suggère d'appeler (plus tard) abjet ou comme en vieille alchimie "caput mortuum".

   Ce 'remplissage' (éventuellement 'déculpabilisation' etc..) serait exercé pour une part en l'ensemble E. Ce serait l'explication et l'efficace du déplacement jusqu'à l'union imaginaire de (ES)S à la place de l'(a)'autre. C'est à dire le $ du Modèle Optique qui se porte à droite dans la position psychanalytique dudit modèle optique (c'est également l'œil qui devient $² ). Cet élément repérable dans E y serait désigné sous cette forme, facture, incidence : a' ou h.
   Mais est-ce le thétamoins  (p.41) ou est-ce qu'à mon tour je risque de m'égarer ?

   Évidemment j'ai aussi hâte de voir si ces $1 et $2 de la psychanalyse lacanienne désignent les mêmes sujets que vos S1 et S2 que vous décrivez à l'aboutissement de votre livre. Je suis relativement confiant dans les coïncidences que l'Inconscient offre à notre portée mais la patience reste je crois une règle dominante et toujours nécessaire en l'occurrence.

Ainsi donc j'espère surtout que nous puissions vérifier cette étape de compatibilité entre la psychanalyse et votre systématique. Ai-je bien décrit et expliqué la succession Réseau->schéma.L->ModèleOptique ? Est-ce que votre exploitation de la caverne s'y retrouve - et pouvons-nous à présent rapprocher de cet éventuel sur-moi (que vous voyez en a' ou h) cette application que vous introduisez p.40 « image réciproque » ?

 

DWT
20100828191800

 

PS: je pense que l'on peut aussi utiliser une illustration basée sur le réseau pour faire voire cette croisée qu'apporte la psychanalyse et que traduit la bascule du miroir A à l'exercice du Modèle Optique et de la psychanalyse. En l'occurrence il s'agit de souligne par la couleur les deux symétries que comporte le système siamois et de révéler une symétrie plus cachée qui serait, si on peut dire celle de la tête et du corps de ces systèmes juxtaposés :

   A gauche la symétrie révélée par la juxtaposition manifeste axée par l'interface alpha. bêta. gamma.delta - et à droite une symétrie plus occulte révélée par l'inversion des parenthèses ; la prise en compte de ces deux symétries autorise une méta-relation entre les deux sous-systèmes, F & E du système d'observation.

 

 

 

Addendum au motif des triades : l'explication du choix de raisonner à partir de triades procède d'une première observation : « les diades étant sans intérêt et les quadriades trop compliquées ». Cette explication peut être affinée. Quelle est la nature de la "complication" qui fait qu'on ne s'aventurerait pas jusqu'aux quadriades ? On peut voir que c'est une complication radicale, absolue ou plus exactement une indéfinissabilité. Elle est de la nature que la cybernétique a révélé (à mon sens) par son histoire. On peut la constater à l'expérience d'un automate se dirigeant vers une cible laquelle étant un automate percevant le premier : elle s'analyse en temps/états : 1) la fusée A se diriger vers l'objectif B, suivi de 2) B se sachant objectif se dévie jusqu'à ce que 3) A prévient l'esquive en anticipant la déviation. Cependant, en arrivant au 4em degré, en renonçant à l'esquive B discrédite toute tentative d'intelligence, révélant que c'est son jeu de leurre lui-même qui est un leurre et ainsi, la parenthèse est fermée sur une triade. Il n'y a pas de moyen de passer à un 5em puis 6em degrés etc.. car dès le 4em le régime de l'intersubjectivité a atteint l'état indéfinissable qui n'a pas de suite.

   Lacan extrait de La Lettre Volée ce destin de la cybernétique (voir le scan parenthèse des parenthèses p.57-58) selon la description du jeu pair-impair - alias "0-1". Où l'on voit, habillée en joueurs enfantins la fusée d'abord 1) régler/changer son tableau puis 2) au degré plus fin, l'autre sachant qu'il sera visé, se raviser jusqu'au degré 3) menant à se hasarder (quoique la fine suggestion du psychiatre Lacan soit de remarquer que l'idiotie - si elle se distingue du hasard - puisse mener avec avantage à rendre l'autre fou ; et finalement gratter quelque succès par ce moyen 'idiot' que Lacan dénomme abjetion).

   Selon cette explication, l'intelligence du jeu cybernétique est limité à la triade - et je crois que pour cette raison les cybernéticiens ont interrompu leur développement lorsqu'ils ont réalisé des systèmes qui pensaient que les systèmes pensaient. C'est pour cela que je parle d'Histoire de la cybernétique ; mais/car cette pause n'était sans issue lorsque la psychanalyse vient ajouter le concept psychique qui prend cette parenthèse (degré triadique) dans une autre parenthèse (plutôt que par un élargissement quadriade quintiade etc..). Cette sorte de saut épistémologie (?) ontique (?) cependant, ce n'est pas un apport métaphysique ; c'est l'apport topologique dont le moi constitue la matière - on accède donc à un matérialisme plutôt qu'à une physique et une métaphysique.
   Et pour n'être pas en reste des parenthèses de parenthèses, j'en arrive à un addendum d'addendum : je suis intrigué par l'hypothèse qui me vient que cette topologie (du moi) soit celle que vous mentionnez dans votre livre p.43.. à la fin de la page où comme toujours - le moi - ne vient pas sans « les fort » que traduit sans jamais se trahir l'abjet des lapsus. (ligne moins-neuf de la page 43).