chap 2

Synapses et Cortex en PSYCHANALYSE

vers chap 1 - chap 3

 

A) La projection corticale des neurologues :

En ses deux premières étapes fondatrices, le psychanalyse a commencé chaque fois par de la biologie et/ou mécanique. D'abord Freud qui débute par son Esquisse pour une Psychologie Scientifique, puis Lacan avec son essai de cybernétique attaché à La Lettre Volée jusqu'en son Modèle Optique qu'il construit sur une représentation du cortex, qu'il assimile au miroir concave (ci-contre; x-y) dudit modèle (Écrits; page 676).

Des études par ailleurs ont montré que ce modèle dérive en progrès de La Caverne, qui schématise la république selon Platon. A présent nous allons le rejoindre à la synaptique que Freud a inaugurée.

   Mais tout d'abord, rappelons que ce dont on se moque du passé quand on imaginait que le cerveau portait des aires, l'une pour la mathématique, l'autre pour la morale, pour le langage, la mémoire etc... s'avère à la neurologie moderne vérifié, à la différence toutefois que ces aires paraissent visuelles, acoustiques, somatiques etc.. - c'est à dire qu'elle constituent la projection (quasi point par point, et anamorphotique) d'organes corporels. Particulièrement notons, des zones sensorielles et motrices l'anamorphose (les sortes d'étirements) qui fait que le corps ainsi projeté (qu'on appelle homunculus) présente une énorme langue, un gros pouce, par rapport, par exemple, à une zone dorsale qui réserve moins d'innervation.

La figure ci-contre montre une vue latérale d'un cerveau de rat (ces petites bêtes ont déjà des ratonculus! propre à les politiser? sait-on jamais) et une coupe frontale d'un cerveau humain.

   Ainsi nous dirons qu'un amas cellulaire (le pouce) est projeté, comme l'ombre sur la paroi d'une caverne, en une zone du cortex, elle aussi compacte de matière grise.
   Mais la curiosité nous pousse à une question: comment s'y projette un sphincter? On voit bien la bouche plus ou moins ouverte de l'humunculus ci-contre; mais est-ce que cela veut dire qu'il y a un trou dans le cortex? La microscopie ne le montre pas. Disons qu'en réalité, les sphincters sur la paroi corticale concave sont fermés - à moins qu'un jeu synaptique, dynamique plutôt qu'anatomique, les y fonctionnalise orificiels.

 

B) Les sphincters et les lettres de la psychanalyse:

   Venons-en alors à la solution que propose la psychanalyse. S'agissant des points d'attaches par où le sujet psychanalytique s'accroche au monde, Lacan fit encore saillir ce que Freud signifiait à mot couvert, en précisant que c'était les sphincters qui chargeaient l'enveloppe du moi des arguments de contact avec la réalité. Freud décrivit bien des zones érogènes qui pouvaient s'étendre par plaques, d'anesthésie par exemple comme symptômes hystériques qu'il observait,  mais sa théorie des pulsions, orales, anales, génitales, indiquait ce que Lacan mit au clair.

   Or la projection corticale, simple ou compacte, ne suffit pas à cérébraliser l'aptitude anatomique  que les sphincters constituent en séparant extérieur et intérieur. C'est en associant leur projection anatomique à la biologie du langage, que le cortex aussi supporte, que l'être au monde vient de leur jeu pulsionnel, que la psychanalyse détecte. Ces zones que nous avons décrites de substance grise ci-dessus, acquièrent la représentativité d'orifice dans leur conjonction à ce que cette substance porte au verbe. Cette conjonction, qui s'évoque déjà à la liaison de proximité entre zone corticale du langage et celles motrices et sensorielles (homunculus) - s'éclaire de l'importance essentielle du concept initial : le zéro, indiqué par le même Lacan comme la forme du nom-du-père; le langage prête d'un cercle à l'évidence, le jeu synaptique qui fait leur amas gris garant d'orifice.

   Ainsi l'anneau que forme 'à la lettre' la projection sphinctérienne en matière grise. Et..:
   Le nom-du-père associé à son chiffre (zéro--qui n'est pas le père que le Un, lui, représente) initialise la distinction du réel - c'est à dire ce qui se voit dans la séparation imaginaire d'un intérieur d'avec une réalité 'extérieure' (confondus dans l'hallucination qui résulte du défaut dudit chiffre). Nous nous tiendrons de là à un seul saut pour rejoindre le schéma de la relation, décrit au chapitre précédent. Ce qu'on y appelait des sources ("source d'observation" de la psychologie) est identique à ce que des sphincters est représentable par la fonction du zéro - tandis que leurs alibis appendus--alibi d'O si l'on veut--sont ici les objets fameux de la pulsion dont nous allons maintenant pouvoir parler.

 

copirate William Théaux 20020803

 


APPENDIX :

Une représentation de meilleur qualité de l'homunculus
(coupe frontale - position horizontale)
   Ci-contre gauche, en haut la superposition de la Caverne (avec son principe de condensation phonique/Platon ou optique/Lacan) indique un complexe neuro-sphinctérien (en bleu) que la psychanalyse ajoute au simple constat de la projection cortical des neurologues.
   En dessous une troisième superposition indique clairement les correspondances que l'on y déduit - quant à ce que la psychologie appelle Ego, ou Alter (As Source ref:chap précédentl; "toi") tandis que le toi-pour-moi correspond au Semblant (ou complexe neuro-sphinctérien susdit) et au lieu de l'Idéal : la Lettre (ici idéalement la lettre 'O' - à considérer soit au lieu d'autrui, soit en place du lobe cortical opposé, soit des aires du langage, Broca, Wernicke etc..).