par Dr W.Théaux
2002/07/07

GENRE ET PARANOÏA

suite d'une phase occulte

 

1) De la psychanalyse à l'Écologie

  
   Le socle de mon analyse est celui du pressentiment que le comportement de l'être humain vis à vis de son environnement est intimement lié à son psychisme - et réciproquement, que le psychisme est à l'Environnement comme le rêve est la voie d'accès royale à l'Inconscient. Si tel est le cas, la psychanalyse est nécessairement l'entreprise qui guide l'être humain entre la science (la puissance) et l'écologie.

   Cette opinion était déjà en germe dans la pensée de Freud, lorsqu'il livre à la fin de sa carrière, qu'il estime nécessaire que la méthode qu'il aura initié arrive à "franchir l'abîme qui sépare la psychologie individuelle de la psychologie collective". Un siècle plus tard son mouvement perdure, à ce que sa formule se précise à joindre la psychanalyse individuelle à une collectivité qu'on appelle l'Environnement - c'est à dire l'éveiller l'humanité à l'écologie.

   Sur ce chemin il faut du temps - ce que les théoriciens auront remarqué en comparant à la Renaissance cette crise de l'humanité. Et répétant la résistance de deux siècles qui séparent Copernic et Newton, nous observons l'acmé de l'ignorance de l'horizon par Freud ouvert.

   Freud on le sait, entendit opérer à l'endroit de la mémoire - ensuite Lacan entendit Freud énoncer les premières formules du temps (un temps logique précisait Lacan au moment où la physique théorisait sa Relativité). Entre temps, le tracé de cette dimension (le temps) par la vie se déchiffrait dans les laboratoires de génétique, qui découvraient un code gardant mémoire de l'évolution.

   Puisque ce Code Génétique constitue le programme de l'Environnement, il est évidemment probable que la mémoire psychique y trouvera ses lettres les plus intimes - mais c'est à proprement parler l'abordage de cet espace temps qui présente encore un abîme au milieu du gué où la psychanalyse stationne.

   Pour ma part, j'ai aussi soutenu Lacan sur l'hypothèse d'une fondation paranoïaque de la personnalité humaine, doublée d'une ressource en la Paranoïa Critique de son ami Dali. Ces deux théoriciens ont permis, le second un espoir, et le premier l'hypothèse que le rapport catastrophique de l'industrie humaine à son environnement traduit l'expression de cette paranoïa constitutive. Il y aurait donc lieu d'espérer que l'on puisse éclairer la gestion actuelle de l'écologie terrestre en terme d'une paranoïa que la psychanalyse a déjà déchiffré dans le domaine de la personne.
   Ce que l'on sait de la paranoïa, c'est qu'elle se manifeste en terme de sexualité (d'homo-sexualité, précisément) et s'articule à partir d'un signifiant, connu depuis Lacan en terme de Nom-du-Père. Voyons ce qu'on déchiffre de plus à la lettre de la génétique:

 

2) L'apport de la Génétique

  
Les schémas ci-dessous indiquent les deux continuités (temporelles et transgénérationnelles) que la génétique découvre et la possibilité résultant d'identifier deux lignées
(ou "lignages"), maternelles et paternelles.

 

  General situation of genetic transmission  

 

Le premier schéma illustre les trois transmissions génétiques: maternelle paternelle, et combinée. La lignée paternelle est constituée par la perpétuation du chromosome Y (suivi comme un traceur par le nom-du-père dans les sociétés récentes). Le reste de l'ADN (participant des deux parents au taux de 50%) se dissout exponentiellement au fil des générations. La descendance maternelle est constituée de la perpétuation d'un ADNm (ADN mitochondrial au sein du cytoplasme cellulaire).

La culture en général ne fait pas cas de la perduration par la mère car dans tous les cas elle a lieu, et nul signe de genre ne la distingue (filles et garçons véhicules toutes et tous le cytoplasme maternel); fait exception l'usage hébraïque de distinguer une transmission (de race ou de religion) par la mère.

The picture shows a cell. A DNA set in its cytoplam comes exclusively
from a line of mothers; it is external form the nucleus, yet very similar 
to the Y which inhabits the nucleus of male cells, and comes exclusively
from the line of fathers. Between both feminine
mDNA and male Y, DNA 
is a blend from mother (& recent foremothers) and father (& recent forefathers).

 

  Our cultural description of genetic transmission  

 

Le second schéma montre la réalité que nous imaginons, en tout cas celle dont nous témoignons : en pratique on ne considère représentatif de la personne que l'ADN, et dans le cas où il le compte, son gène Y. L'universalité de l'ADNm déboute sa personnalisation - or, du fait de cette indistinction, le corps cytoplasmique est culturellement catégorisé d'un seul bloc, avec l'environnement.

Dans la mesure où nous avons envisagé que la paranoïa consistât d'une méconnaissance d'une part exclusivement féminine d'un être, nous observons, dans la comparaison de ces deux schémas, la reconnaissance de la manière dont notre culture témoignerait d'une paranoïa, immanente fut-elle à la fondation de la personnalité humaine.

The picture shows how our culture identifies the genetic set
which makes a person. Cloning and legal identification base the
social identity on the nucleic set of genes. The mDNA set is considered
as an accessory, which eventually rallies with the category of the
environment (that we call Mother Nature). This lack of distinction between
cytoplasm and external reality may provide a clue for an operation of
paranoia, as I introduced it in akhnaton2-Egroup.

 

3) Conclusion/Résumé

  
   Notre appréhension législative, voire scientifique, de l'identité génétique de la personne humaine
(traditionnellement établie sur la filiation Y, patronymique - puis actuellement étendue au génome nucléique, ADN) souffre encore d'une étroitesse, car il faudrait ajouter le stock génétique cytoplasmique (ADNmitochondrial principalement, voire ARN et autre organites) pour identifier la personne exactement par rapport à son environnement. A défaut d'assimiler à notre identité génétique ce contingent du code qui n'est transmis que par la mère, nous circonscrivons la personne à un environnementalisme qui manque d'une intégration féminine à l'instar de la paranoïa en psychologie. Une telle forme culturelle de la paranoïa, qui ne discrimine pas entre l'environnement et l'ADNm, est candidate à la raison pour laquelle l'industrie humaine paraît aveugle et insensible à la réalité environnementale.

 

 

suivi de la prévision freudienne des trois contingents de la mémoire génétique