PSYCHANALYSE & ENTREPRISE

 

   

Mes études et recherche m'ont permis d'aboutir à une identification de la psychanalyse dans l'histoire ; telle que l'on pourrait à présent en faire l'introduction comme suit :
   Faisons abstraction, voire même ignorons la psychanalyse ; comme si elle n'existait pas, partons de la simple observation de la cybernétique seule. Voici donc une science et technique qui apparut vers le milieu du 20em siècle, ...

...
   Nous voyons qu'étant partis de loin d'elle, nous aboutissons à la psychanalyse comme pratique la plus probable à postuler aux oeuvres de maintient de la fonction subjective au front des masses envahies par la cybernétique. Évidemment ceci croise dans l'autre sens l'étude partie de la psychanalyse, et qui conclut à l'identifier comme la réponse idoine à la monté cybernétique qu'elle comprend.
   Le travail ci-dessous montre d'ailleurs comment un propos d'entrepreneur et techniciens des ressources humaines de l'entreprise dévoile des termes qui aussi sont parallèles à ceux de la psychanalyse. Entre croisements et parallèles, nous avons un filet qui finalement pourra peut-être bien servir aux acrobates sans filets que nous pouvons craindre d'être devenus.

 

   Ci-dessous une lecture de texte - où j'ai effectué durant la lecture un commentaire et confrontation entre discours socio-industriel et psychanalytique. Se développant sans rupture à partir de premières intuitions, cette épreuve comparative s'est auto-vérifiée et renforcée jusqu'à conclure qu'il y a certainement des passerelles possibles entre la sociologie industrielle et la psychanalyse.

 

à partir de 20050122183100_MichelVOLLE_complexite1.htm
autrement ci-dessous colonne gauche

 

   Comment des êtres d'une même espèce, parlant de manière sensée leur monde commun, diraient-ils des choses différentes ? Dans le texte réfléchi ci-dessous, Michel VOLLE (à gauche) dénonce les discours compliqués à l'usage de combines, de castes en vérité. Avec lui, mon commentaire confirme l'unité au contraire de deux stocks sémantiques : le discours de l'informaticien et celui du psychanalyste (à droite). Ils occupent une même industrie ; celle qui en fin de compte aboutit, à mon avis, à une écologie.

 

 

 

Complexité et complication

1 - Complexité et réalité

2 - Simplicité de la pensée

3 - La rencontre expérimentale

4 - Les embarras de la complication

5 - Sortir de l'embarras

6 - Annexe 1 : "Complexité" informatique

7 - Annexe 2 : Théorème de Gödel

 

 

 

 

 De la page de Michel VOLLE (certains passages surlignés par DWT)

Comparaison/Parallélisme avec la Psychanalyse

Complexité et complication


Cet article a été publié dans la revue Génie Logiciel, n° 64, mars 2003 ; il s'agit d'une version condensée de la série "Complexité et complication"

Résumé: Il est impossible de décrire complètement un objet du monde réel : comme tout modèle repose sur un nombre fini de concepts, un modèle sera toujours « simple » par rapport à la complexité du réel. Certaines personnes s’opposent passionnément à cette simplicité. Cherchant à simuler la complexité du réel, elles produisent des modèles compliqués : mais ces modèles sont, en fait, inutilisables. Ils parasitent l’intellect et provoquent beaucoup d’échecs dans les systèmes d’information. Il faut promouvoir dans les entreprises le goût de la sobriété.
Mots-clés: complexité, système d’information

« Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable. »
Paul Valéry (1871-1945), Mauvaises pensées et autres, 1942
in Oeuvres, Tome II, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade 1960, p. 864

   A l'opposé de la complexité du réel, MV (Michel Volle) rappelle la simplicité essentielle des modèles (modèle d'objet du monde réel). Parallèlement, en psychanalyse, on emploie régulièrement le mot 'complexe' - et on constate que cette science (la psychanalyse) a produit un modèle de la complexité elle-même.

   Une mise en parallèle du texte de MV et de celui de la psychanalyse pourra montrer dans quelle mesure l'un et l'autre parlent de la même chose et, peut-être même, de manières semblables - en d'autres termes, que la psychanalyse peut servir à l'entreprise, à l'industrie (la réciproque n'étant pas exclue, leur combinaison - en l'hypothèse - s'appelant écologie).

 

1 - Complexité et réalité

1.1    Exemple

 

« L’essence des mathématiques (…) apparaît comme l’étude des relations entre des objets qui ne sont plus (volontairement) connus et décrits que par quelques-unes de leurs propriétés, celles précisément que l’on met comme axiomes à la base de leur théorie »
(N. Bourbaki, Éléments d’histoire des Mathématiques, Hermann 1969, p. 33)

Quand on prononce le mot « complexité », un ensemble confus de notions affleure : théorie du chaos, théorème de Gödel, principe d’incertitude de Heisenberg, fractales, limites du calcul informatique etc. Chacune est claire dans son domaine propre ; c’est l’accumulation qui crée la confusion (voir Bouveresse, 1999, [4]). Tentons de donner au mot « complexité » une acception qui la dissipera.

Le monde de la nature (y compris de la nature humaine et sociale) qui se présente à la perception et à la pensée est concret en ce sens qu’il se présente hic et nunc, son individualité se manifestant dans des particularités de temps et de lieu.

Aucune pensée ne peut rendre compte de l’ensemble des propriétés du monde (voir Morin et Le Moigne, 1999, [24]). Il suffit pour s’en convaincre de considérer une tasse de café et de tenter de la décrire. Chacune de ses propriétés relève d’un schéma conceptuel (donc abstrait) : sa forme géométrique, à la précision de laquelle on ne peut assigner de limite ; ses origines culturelles, économiques, industrielles ; sa composition chimique ; la position et les mouvements des molécules, atomes, particules qui le composent[1], etc. Chaque objet concret assure de facto la synthèse d’un nombre indéfini de déterminations abstraites. Il est en toute rigueur impensable : c’est ce que transcrit l’adjectif « complexe ». Il en est de même du monde lui-même, ensemble des objets concrets.

Sur chaque objet concret, nous disposons non d’une connaissance complète mais de « vues » dont chacune permet de considérer l'objet à travers une « grille » conceptuelle particulière. Si je ne peux parler d’une mesure précise de ma tasse de café, toute mesure étant grossière par rapport à un ordre de précision supérieur, je peux dire que la mesure est « exacte » si elle me permet de faire sur l’objet un raisonnement exact, c'est-à-dire adéquat à mon action : je peux calculer l’ordre de grandeur de sa densité à partir de mesures approximatives de sa masse et de son volume, inférer de l’examen de sa composition chimique une évaluation qualitative de sa fragilité … ou simplement boire mon café.

L’objet étant sujet à un nombre indéfini de déterminations, il existe un nombre indéfini de « vues » logiquement équivalentes. Cependant certaines seront plus utiles en pratique pour un sujet placé dans une situation particulière, que ce sujet soit individuel ou social : ce sont les vues en relation avec l’action du sujet, avec l’articulation entre sa volonté et l’objet considéré comme obstacle ou comme outil. Ces vues-là sont « pertinentes » ainsi que les observations et raisonnements que le sujet peut faire en utilisant les catégories selon lesquelles elles découpent l’objet.

Mise en parallèle des outils de MV et de la psychanalyse

   Déterminations, vues et catégories sont les trois outils de MV, constituant trois nombres indéfinis - dont la combinaison doit répondre de/à l'action. La psychanalyse met en opération un outillage spécifique, néanmoins présentant des analogies avec l'instrumentation de MV.

   En gros, voici l'instrumentation de base de la conceptualisation psychanalytique:

   Les déterminants/abstractions de l'objet sont construits sur un jeu de deux logiques : du code et du signifiant (on peut aussi bien dire du chiffre et des lettres).

 "Des chiffres et des lettres" sont chargés d'une connotation si populaire que nous nous en méfions. Pourtant ce serait un comble, que nous nous détournions de ce qui est si massivement mis en évidence, en oubliant que c'est la manière dont la vérité nous est cachée : dans une massive, éblouissante, évidence.
   Non sans faire justice à l'intellect qui garde une occasion de se distinguer du trivial, car les sens commun n'est pas suffisant : s'il suggère bien la présence nécessaire du Chiffre et du Signifiant - pour une explication exhaustive de leur rapport à l'objet, encore faut-il que l'on saisisse la relation entre ces chiffres et lettres. Car sans connaître la combinaison des déterminants entre eux, nous n'aurons rien abordé de l'objet qu'un ensemble sans plus d'efficace que des pièces d'un mécano rangées dans sa boite.

   L'intellect complète donc le sens populaire en précisant que les déterminants de l'abstraction de l'objets se combinent ensemble en fonction et structure (la première de Code, la seconde de Signifiant) - ces structures et fonctions s'intégrant l'une l'autre. Ceci forme un modèle de la complexité.

   Parallèlement à la distinction de ces domaines (Ordre & Symbole), nous trouvons entre le discours de MV et la psychanalyse des correspondances et analogies de concepts ; MV mentionne : vues ; situation ; découpage ; grille ; classifications ; référentiels...
   La psychanalyse fait usage respectivement de notions telles : Sujets
$ et idéal I (vues et situation) ; coupure (a) et langage A (découpage et grille), Signifiants Sa et des Semblants (classifications et référentiels).

1.1    Exemples

Le spectacle d’une rue conjugue des déterminations historiques, architecturales, sociologiques, économiques, urbanistiques, physiques, esthétiques etc. Cependant le conducteur d’une automobile limite son observation à quelques éléments : signalisation, bordures de la voie, obstacles dont il estime la vitesse et anticipe les déplacements. Cette grille fait abstraction de la plupart des aspects de la rue mais elle est adéquate à l’action « conduire une automobile ». Le conducteur qui prétendrait avoir de la rue une représentation exhaustive saturerait sa perception et serait un danger public.

Nous trouvons  « naturelles » nos grilles habituelles ; nous qualifions d’« objectives » les observations réalisées selon ces grilles. Pourtant la façon dont la pensée découpe ses concepts évolue selon les besoins et elle est, en ce sens, subjective :

1) La classification des métiers et niveaux de formation, « concrète » pour les personnes dont elle balise la carrière, n’a rien de naturel (voir Volle, 1984, [36], p. 155) : la catégorie des « cadres », qui appartient au langage courant en France, n’existait pas avant les classifications Parodi de 1945.

2) La classification des êtres vivants a évolué de Linné, Jussieu et Darwin à la « cladistique » contemporaine (voir Lecointre et Le Guyader, 2001, [21]). Fondée sur la comparaison génétique, cette dernière introduit des bouleversements : le crocodile est plus proche des oiseaux que des lézards ; les dinosaures sont toujours parmi nous ; les termes « poissons », « reptiles » ou « invertébrés » ne sont pas scientifiques.

3) Les classifications de l’industrie (voir Guibert, Laganier et Volle, 1971, [14]) ont pris pour critère au XVIIIème siècle l’origine de la matière première (minérale, végétale, animale) conformément à la théorie des physiocrates. Au milieu du XIXème siècle les controverses sur le libre échange ont conduit à un découpage selon l’usage du produit fabriqué. A la fin du XIXème siècle, le critère dominant fut celui des équipements : le souci principal était l’investissement. Depuis la dernière guerre les nomenclatures sont construites de façon à découper le moins possible les entreprises (« critère d’association ») car l’attention se concentre sur les questions d’organisation et de financement.

4) Au XVIème siècle il paraissait normal de regrouper les faits selon des liens symboliques : pour décrire un animal le naturaliste évoquait son anatomie, la manière de le capturer, son utilisation allégorique, son mode de génération, son habitat, sa nourriture et la meilleure façon de le mettre en sauce (voir Foucault, 1966, [9], p. 141). Plus près de nous, il a fallu du temps pour réunir les phénomènes magnétiques et électriques, puis reconnaître la nature électromagnétique de la lumière.

5) Dans l’entreprise, les classifications des produits, clients, fournisseurs et partenaires, ainsi que la définition des rubriques comptables, évoluent avec les besoins. C’est pourquoi le référentiel de l’entreprise est centrifuge : sans contrôle, il se dégrade en variantes et les données deviennent incohérentes. L’insouciance de la plupart des entreprises en matière d’administration des données résulte d’une erreur de jugement : comme on croit les classifications « naturelles », on ne voit pas à quel point elles sont instables et on sous-estime l’entropie qui mine la qualité du système d’information.

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Comparaison des exemples

   Cette mise en parallèle et rapprochements sont approximatifs et certainement critiquables car en partie faux, mais en partie seulement. N'oublions pas que la psychanalyse comme le propos de MV sont dynamiques, en recherche, évolutifs et par nécessité instables ; les comparer n'arrange pas forcément les choses, mais à un certain point de ressemblance on peut considérer pratique et utile cette reconnaissance réciproque qui puisse permettre un échange.

 

   Si nous mettons ces rapprochement à l'épreuve d'exemples proposés par MV, nous voyons bien que ces deux discours peuvent se fondre en un , en constatant que :

1) La classification des métiers montre cette relation - par exemple entre le métier d'exécutant et de directeur ; un code les articules dans une série de fonction ordonnées mais égales en titre de chaînons informatifs. Par contre une symbolique les distingue fortement.

2) Quant aux être vivants, ils sont aussi régis par des 'grilles' écologiques les assimilant à des échanges signifiants - associées à une détermination de leur code génétique. Bien qu'ils paraissent largement séparés, ces deux domaines qui gouvernent leur logique, sont aussi en relation.

3) La classification de l'industrie pourrait aussi dépendre d'une symbolique sociale et de ses correspondances au code écologique (génétique) - c'est au demeurant dans la combinaison de ces deux ordres que l'intelligence artificielle trouvera l'information qui lui permettra de régler l'industrie.

4) La classification des faits qui répond nécessairement à notre psychisme, s'établit aussi sur critère symbolique selon leurs usages par exemple, et critère de code qui désigne les coordonnées d'ordre physique entre lumière et électromagnétisme par exemple.

5) Le dernier exemple choisi par MV offre l'occasion de préciser plus en détail la combinaison que la psychanalyse remarque entre Lettre & Code
   Contre l'entropie des seules organisations symboliques et des seules bases de chiffrages, la combinaison du symbolique (Lettre) et du code (Chiffre) établit un référentiel (Semblant) qui transforme la loi d'entropie en évolution.
   Cette proposition - sorte de théorème - clôt la comparaison ici entre l'analyse entreprenariale et la psychanalyse. A chaque exemple de classification par lesquels les "
déterminations, vues et catégories (sus)" de MV s'expriment, la psychanalyse affiche éventuellement son expression, propre mais similaire, d'une combinaison entre chiffre et symbole qui permet d'identifier lesdites classifications, catégories ou concepts.

 

Les grilles à travers lesquels nous percevons le monde nous en donnent une vue sélective ; il s’agit d’un langage (voir Saussure, 1916, [30]) qui évolue plus ou moins vite selon les domaines (les classifications de la science ou de la vie courante changent moins souvent que celles de l’entreprise). Ainsi le cadre conceptuel que nous utilisons est construit ; il porte la trace de choix pour partie intentionnels, pour partie conventionnels. Cela ne veut pas dire que les faits eux-mêmes soient construits, comme le pensent trop vite les apprentis philosophes. 

En effet si tout cadre conceptuel, même pertinent, reflète le monde de façon partielle, ce reflet n’en sera pas moins authentique. L’automobiliste qui arrive à un feu de signalisation ignore les détails de l'architecture des immeubles alentour mais il voit ce feu, ce qui lui permet de l’interpréter et d’agir. Même si sa grille ne lui révèle pas la Vérité du Monde, elle lui permet de savoir si le feu est vert, orange ou rouge. La couleur du feu ne relève plus alors d’une hypothèse mais constitue un fait d'observation dont il peut et doit tirer les conséquences pratiques.

Si aucune observation ne peut être exhaustive, elle peut être exacte, suffire pour alimenter un raisonnement exact. Celui-ci peut très souvent se satisfaire d’ordres de grandeur, ce qui détend l’exigence de précision. La réalité, si elle n’est pas pensable dans l’Absolu, est ainsi en pratique pensable pour l’action, pour vivre dans le monde et y graver nos valeurs, comme nos ancêtres ont gravé les symboles de leurs mythes sur les parois des grottes.  

 

Similarité des approches instrumentales

   La coïncidence entre les deux discours s'accentuent en arrivant à la conclusion des exemples. Ici la référence saussurienne au langage (la grille ; l'Autre) - et à la construction d'un cadre que la psychanalyse décrit en espace produit et virtuel - tandis que la vérité des faits s'y pointe au lieu 'n' de son modèle optique - où le débat de l'authenticité se distribue entre image réelle et spéculaire - jusqu'à la la non-exhaustivité à quoi répond l'aphorisme que la femme n'est pas-toute - mais aussi ex-acte que le phallus peut être dénotatif, etc...  tout cela porte le parallélisme de la confrontation des deux textes à une superposition, sinon une quasi identité.
   Néanmoins - et outre la nécessité pratique de temps et d'effort pour vérifier ces comparaisons - malgré la précision avec laquelle on arriverait à une égalité entre l'approche de MV et le parcours d'une psychanalyse - on réservera un crédit à la caricature et jugera nécessaire de rappeler que tous ces rapprochements demeurent approximatifs en chacun de leur établissement respectif. Toutefois leur description d'un monde en commun justifie qu'on prenne pour éventuellement conséquentes leurs apparentes et souvent impressionnantes congruences - et pratiquement justifie qu'on poursuive plus profondément dans le détail :

 

2 - Simplicité de la pensée

 

 

“(Nature's) fundamental laws do not govern the world as it appears in our mental picture in any direct way, but instead they control a substratum of which we cannot form a mental picture without introducing irrelevancies.”
(Paul Dirac, The Principles of Quantum Mechanics, introduction, Oxford, Clarendon Press, 1930)

« Le théorème de Gödel (…) est certainement de beaucoup le résultat scientifique qui a fait écrire le plus grand nombre de sottises et d’extravagances philosophiques. »
(Jacques Bouveresse, Prodiges et vertiges de l’analogie, Raisons d’agir, 1999, p. 60)

 

   MV établit à présent son modèle théorique, opposant à la complexité, que la pensée est simple.

   Au principe de non-contradiction la psychanalyse correspond avec celui d'opposition de valeur, une logique où il n'y a pas de négation ; ainsi l'Inconscient est en position de bâtir des oppositions mais sans les contredire - ce que la pensée pure va traiter pour le simplifier, par un moyen que l'on écrit a'a, explicité comme suit :

Le monde de la pensée, des concepts et propositions que l'on peut échafauder en obéissant au principe de non contradiction, est complexe : il est impossible d'en rendre compte à partir d'un nombre fini d'axiomes (cf. Annexe 2). Cependant toute pensée explicite, même subtile, est simple - non dans son processus d’élaboration, qui étant concret est complexe, mais dans son résultat. Alors que tout objet concret relève d’un nombre indéfini de déterminations, toute pensée explicite s’exprime selon un nombre fini de concepts. Toute pensée visant à l’action met en œuvre un modèle (ou théorie) constitué par le couple que forment d’une part un découpage conceptuel de l’observation, d’autre part des hypothèses sur les relations fonctionnelles.

Que le modèle soit formalisé, explicite, pertinent ou non, cette démarche est générale. Toute observation est une mesure selon une grille définie a priori ; tout raisonnement suppose que l’on prolonge cette mesure en postulant des relations fonctionnelles entre les concepts : en économie, la consommation sera fonction du revenu, ce qui implique un comportement d’épargne etc. (voir Korzybski, 1998, [19]).

Le monde des modèles, le monde de la théorie, c’est le monde de la pensée pure. Elle met le monde réel entre parenthèses. Le monde de la pensée est aussi celui de nos artifices, jeux, langages de programmation et programmes informatiques, de nos machines (en tant qu’objets concrets elles appartiennent au monde réel, mais leur conception relève du monde de la pensée) et de nos organisations (même remarque).

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L'imaginaire au secours de la pensée pure

   La gageure du technicien sera de décrire une pensée qui se suffise sans subjectivité. On aura noté que ce fut le résultat de l'abstraction lacanienne ; telle qu'avérée et avouée sophistique, elle est affine a la  description technicienne.
   Cette faute du lacanisme qui aura raté son détachement de la cybernétique (détachement escamoté et rattachement refoulé) - devient néanmoins secours quand avec l' "expérimentation" : le technicien suppléé au manque où Lacan n'a conclu qu'à la Pulsion de Mort ; et secourue par le technicien la psychanalyse à son tour revient à l'aide en humanisant l'entreprise de celui-la.

La subjectivité sophistique

   Ce serait faire preuve que des principes opposés, animistes et matérialistes se rencontrent sans se contredire. Les logiques de la totalisation et de la modélisation ont occupé de nombreuses années de l'étude lacanienne - il sera donc légitime d'examiner en détail à quel point le couple désigné par MV découpage/grille & hypothèses/fonctionnelles - correspond au couple Code*Signifiant ; on pourrait alors trouver des affinités, ou des similitudes, entre la notion de modèle/théorie et celle de pulsion. Mais d'abord on localisera le principe de non contradiction dans la relation des deux opposés a & a' que la psychanalyse observe et désigne : imaginaire et au principe du psychisme.

La pensée pure a un but lointain : se confronter avec le réel dans l’expérience lors de laquelle les concepts seront soumis au critère de pertinence, les théories à l’épreuve de la réfutation. Mais il existe un moment où la pensée pure se forme sans être confrontée à l’expérience, se muscle comme le font en jouant les jeunes animaux.

La pensée pure dispose pour se préparer à l’expérience  d’une arme puissante : le principe de non contradiction. Toute théorie comportant une contradiction est fausse en ce sens qu’il ne pourra pas exister d’expérience à laquelle elle s’appliquerait. Le monde réel étant par essence non contradictoire, le viol de la logique est contre nature : une chose ne peut pas à la fois être et ne pas être, posséder une propriété et ne pas la posséder. Cela n’exclut pas qu’elle puisse évoluer ou encore posséder des facettes différentes comme une feuille de papier qui serait blanche d’un côté, noire de l’autre : les paradoxes résultent des imprécisions du langage courant.

Le fonctionnement de la pensée pure est un jeu avec des hypothèses. Pour pratiquer cette gymnastique, il faut poser des hypothèses et explorer leurs conséquences, puis recommencer etc. Celui qui ne s’est pas préparé ainsi posera des hypothèses naïves et s’aventurera dans des impasses théoriques que les experts ont appris à éviter. Le but des mathématiques n'est autre que cette gymnastique de l’esprit.

La non contradiction est une garantie de réalisme potentiel. Les géométries non euclidiennes, construites de façon formelle sans souci d’application, ont par la suite fourni des modèles pour représenter des phénomènes physiques. Toute théorie non contradictoire peut espérer trouver dans la complexité du monde réel un domaine d’application (mais le caractère non contradictoire d'une théorie ne garantit pas sa pertinence face à une situation particulière). La pensée pure n’est donc pas seulement une gymnastique : c’est un investissement qui procure des modèles en vue des expériences futures.

La conquête de la pensée pure, c’est l’intelligence, maîtrise du raisonnement qui, partant de données initiales, va droit au résultat. Lorsque l’esprit a parcouru plusieurs fois un raisonnement il l’anticipe comme l’on anticipe les formes et le contenu d’un appartement familier ; il l’enjambe pour en construire d’autres plus généraux, plus abstraits. La portée des raisonnements simples s’élargit alors comme un cercle lumineux. Des champs entiers de la pensée s’articulent à un principe simple conquis par un héroïque effort d’abstraction : principe de moindre action en physique (voir Landau et Lifchitz, 1966, [20], p. 8) ; optimum de Pareto en économie (voir Ekeland, 1979, [7], p. 59) ; « voile d’ignorance » en éthique (voir Rawls, 1971, [28]) ; principe de non contradiction en logique et en mathématique (voir Bourbaki, 1966, [2], vol. XVII, p. 2).

L’intelligence, dont le terrain propre est la pensée pure, s'exerce pendant la jeunesse. Certains adolescents sont des mathématiciens de génie comme Galois ou de grands joueurs d’échecs.

 

ou la non-contradiction se négocie
en opposition de valeur 

   Le schéma du modèle de la psychanalyse représente avec la lettre 'A' le domaine d'opposition de valeur (principe de la linguistique Saussurien). Ce principe est reconnu comme l'Inconscient par un 'S' qui s'y prépose - par anticipation logique ; lequel 'S' est finalement certifié par une grille que l'on appelle ici relation imaginaire (a'a).

   En visualisant se schéma de manière chronologique et dynamique, ce à quoi cette ontologie aboutit, on constate qu'au 'A' originaire s'en finalement substitué un résultat qui se produit au lieu de cette origine. Ainsi l'entrepreneur écrit-il sa production :

   Au principe d'opposition de valeurs en (A), la pensée pure (Es) a ajouté un redoublement : le principe de non-contradiction qui annule moins les oppositions (en A) qu'elle ne tend un écran (grille/relation imaginaire, a'a) qui masque et refoule l'ICs. Une résultat se produit, qui va servir à l'identification du moi.
   Distincts, le moi et l'autre sont deux 'objets', deux natures, qui n'entrent pas en contradiction, mais en relation pour constituer le monde - la pensée pure est satisfaite.

 

3 - La rencontre expérimentale

 

 

 „Mir hilft der Geist ! auf einmal seh’ ich Rat
Und schreibe getrost: Im Anfang war die Tat!
(Goethe, Faust, 1808, vers 1236-1237)

Le jeu de la pensée pure reste cependant puéril s’il n’aboutit pas à la confrontation au monde dans l’action. L’esprit formé au jeu avec des hypothèses trouve ici du nouveau à apprendre : face à la situation concrète à laquelle le sujet est confronté hic et nunc, et compte tenu de sa volonté (vivre et cultiver ses valeurs), que doit-il faire ? Ne pas agir serait encore une action, fût-ce par abstention (voir Blondel, 1893, [1]). Pour choisir l’action à engager, il faut que le sujet puisse anticiper ses conséquences, donc dispose d’un modèle du monde dans lequel il fera par la pensée intervenir son action.

Il doit alors, dans la batterie des hypothèses avec lesquelles il jouait librement, choisir celles qui représenteront le monde avec exactitude en regard des impératifs de son action. L’expérience oblige alors à renoncer à certaines hypothèses et à en retenir d’autres ; elle tourne le dos à la liberté qui caractérisait la pensée pure. C’est un moment émouvant que celui où l’esprit se courbe sous le joug de l’expérience. Les êtres humains ont longtemps pu se représenter la surface de la terre comme un plan infini, un disque ou une sphère, hypothèses alors également plausibles ; puis la pratique de la navigation et l’expérience de l’astronomie ont imposé la troisième hypothèse.

L’expérience prouve-t-elle la vérité des hypothèses ? oui, s’il s’agit de faits que tranche l’observation, comme la sphéricité approximative de la terre, la mesure de la distance moyenne entre la terre et le soleil, la date d’un événement. Non, s’il s’agit de relations fonctionnelles entre concepts : lorsque nous postulons la vérité d’une hypothèse causale que l’expérience a validée, nous inférons une proposition générale à partir d’une expérience limitée, et cette inférence n’est pas une preuve. 

Il en résulte, selon Popper, que toute théorie doit être présentée de sorte que l’on puisse la réfuter par l’expérience. Le scientifique doit être assez modeste pour préparer dans ses travaux les voies de leur réfutation. Toute théorie construite de façon qu’on ne puisse pas la réfuter est nulle en raison de sa solidité apparente (les faits d’observation sont, eux, irréfutables mais ils ne constituent pas des théories).

Lorsque l'expérience réfute la théorie, elle le fait d’une façon toujours logique mais surprenante. Ces « surprises » sont son apport le plus précieux[2].

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C’est un moment émouvant que celui où
l’esprit se courbe sous le joug de l’expérience

 

   A la subjectivité sophistique succède une expérience de la réalité - dont l'émotion, de l'affect, témoin. En psychanalyse ce grade n'est franchi tant qu'une psychologie collective n'est intégrée (dont la notion toutefois s'est signalée tôt, en terme de Principe de Réalité).
   La réalité apparue et perçue au travers la grille a-a' ne s'attend que d'une expérience propre à figurer l'Idéal-du-moi - comme le schéma l'illustre en lien avec le Modèle de la Foule :

   D'autres détails graphiques récents montrent comment la réalité paraît au-delà du miroir que tend la relation sociale.
   (une analyse très détaillée de ces schémas a été produite, durant les travaux fondateurs du développement présent, jusqu'au  PLuriel ANalytique en pratique actuelle ; un des traités les plus représentatifs (LAPREFLEXION) a été télévisé et écrit en 1988)

  Cette performance que la psychanalyse a réalisée en formulant schémas et mathèmes lui permet d'identifier l'élément autrement imperceptible de l'appareillage cybernétique (c'est à dire le produit de l'industrie et son action retour sur l'être industriel à sa cause) - elle désigne ainsi LAPAREIL et sur le relief de cette reconnaissance, peut distinguer un effet de la technologie moderne sur ce qu'on appelle la conscience et la réalité :
Le mot « expérience » ne doit pas être réservé à l’expérience contrôlée en laboratoire : la démarche expérimentale peut et doit s’étendre à la vie entière. Dès que nous percevons, nous appliquons à la sensation une grille qui permet d’identifier les êtres perçus (celui qui voit « des fleurs » ne voit pas la même chose que celui qui voit « des épilobes, des ombellifères, des géraniums » etc.). Nous prolongeons l’observation par des raisonnements sélectionnés parmi les modèles dont nous disposons : c’est ainsi que nous conduisons une automobile, organisons notre travail, faisons la cuisine etc.

Si la gymnastique de la pensée est analogue aux jeux des jeunes animaux, la pratique de l’action est analogue à la recherche des ressources (chasse, pâturage) et des partenaires sexuels par les animaux adultes, recherche à laquelle l’être humain ajoute le besoin d’exprimer ses valeurs par des symboles. La démarche expérimentale caractérise l’âge adulte de la pensée. L’idéal de l’adulte n’est pas l’intelligence, même si elle lui est nécessaire, mais l’efficacité dans l’action. Il y applique son discernement (découpage des concepts pour distinguer les êtres observés) et son jugement (sélection d’un raisonnement pertinent). Il y engage spontanément la capacité intellectuelle acquise lors des jeux de l’enfance.

L’expérience de l’expérience, la confrontation répétée à des situations nécessitant des modèles divers, assouplit et accélère la construction théorique. Au sommet de l’art, l’adulte acquiert le « coup d’œil » : face à la complexité et l’urgence d’une situation concrète il va droit à l’action nécessaire. L’esprit enjambe alors les étapes d’un raisonnement qu’il ne se soucie pas d’expliciter. Si le sage chinois est « sans idée » (voir Jullien, 1998, [16]), ce n’est pas parce qu’il a l’esprit vide ou ne s’intéresse pas à l’action : disposant de divers modèles, il passe de l’un à l’autre pour s’adapter à la situation, obéir à la « propension des choses » et atteindre un sommet d’efficacité (voir Jullien, 1992, [17]). S’il ne s’attache à aucun modèle, c’est qu’il sait à chaque moment mobiliser celui qui convient, voire en conjuguer plusieurs. Cet idéal de sagesse, impossible à réaliser complètement, brille à l’horizon comme un point lumineux qui indique le chemin de l’ambition pratique la plus haute, le Tao : être disponible devant le monde afin d’y être efficace par l’action.

On évoque souvent le « coup d’œil » du stratège militaire, soumis à des contraintes extrêmes. On le rencontre aussi chez les entrepreneurs, artisans, contrôleurs aériens, professeurs, pilotes d’avion, conducteurs automobiles, sportifs, chirurgiens, bref chez tous ceux qui doivent agir.  

 

   Pour le technicien, l'expérience ne fait pas défaut même à l'objectivité - elle peut être celle de piloter un avion comme celle de se conduire en groupe.
   On remarque aussi la notion que MV juge digne de souligner, qui appelle à la division et à la métaphore (traité ci-dessous) - sous la forme des deux significations qu'introdui(sen)t l'expérience de l’expérience.
   Cette doublure mène à compléter l'intuition technicienne des acquis de l'analyse du psychisme, qui recueille de l'expérience humaine - non seulement que la réalité qu'elle forme est illusoire, que son approche idéal est sans idée, et qu'elle n'a en vérité aucun modèle - mais que le réel qui l'étoffe ne se signale que lorsqu'elle est appareillée (LAPAREIL).

   Il n'est pas étonnant - il est même attendu - que le technicien, c'est à dire, celui-ci-même qui équipe la réalité d'un appareillage, ne soit pas conscient de ses propres effets ; c'est précisément selon la loi de cette éclipse que le psychisme s'instaure chez la personne humaine.
   Et c'est de la subséquente analyse de ce psychisme que la présence et fonction de LAPAREIL se révèle. Si nous nous servons des illustrations et modèles psychiques en usage - en bref, la réalité se situe au-delà du miroir que constitue le tissu social, laquelle réflexion du réel qui s'y situe en face.

   La personne humaine n'a pas accès au réel que son corps centre autrement que par le média de la réalité, et outre deux cas : l'un par effet de l'appareillage cybernétique lorsque les temps sont ceux de sa mise sous tension parmi le reste des objets de la réalité - l'autre que la philosophie appelle le cas existentiel, qui est inhérent à l'être humain mais pas sans appareil néanmoins.
   Si cette conclusion s'appelle traditionnellement l'éveil, on voit qu'il dépend selon deux optiques de la personne intégralement (en termes traditionnels : karma) ou automatiquement, sans participation de la personne mais par effet de la cybernétique seule (en termes religieux : grâce). Le technicien retrouvera également ses références ainsi - respectivement du progrès de l'expérimentateur et des effets attendus sur les masses du progrès.

 

4 Les embarras de la complication

4.1     La complication, simulacre de la complexité
         
4.1.1      Exemple du système d’information
4.2     « Ce n’est pas si simple ! 

Le coup d’œil est une qualité rare. Quelqu’un peut le posséder dans certains domaines et non dans d’autres : le bon conducteur automobile n’est pas nécessairement un bon entrepreneur et réciproquement.

Certains des obstacles qui s’opposent à la pensée adulte, à la pensée appliquée à l’action, sont naturels : il est naturel par exemple qu’un débutant soit maladroit. D’autres obstacles, par contre, constituent un handicap qui empêche de se former par l’exercice et qui finalement interdit l’action. Mais alors que le prédateur qui ne sait pas chasser meurt bientôt, nos sociétés élaborées produisent des personnes qui ne savent pas agir ou seulement dans des domaines limités. Certaines personnes intelligentes sont incapables d’agir ; d’autres, comme dotées d’une sagesse à éclipses, sont aptes à l’action dans leur vie personnelle mais non dans leur vie professionnelle ou inversement.

Il se peut que cette mutilation contribue à la reproduction de la société comme la stérilité des ouvrières contribue à la reproduction de la ruche. Le constat d'une mutilation si fréquente est douloureux et celui qui énonce ce grand secret est mal reçu. Tâchons d’en élucider le mécanisme.  

 

   C'est deux chapitres/cellules suivants ont été écrits après 3mois d'interruption - c'est à partir de note que j'y avais préposées que je reprends un fil de la pensée rompu :

L'accomplissement subjectif  : coup d'œil sur le regard

    MV fait ci-contre une excellente critique, mais en chemin il oublie ou abandonne son ambition qui dénonce quelqu'intention perverse, voire maléfique qui borne le citoyen, l'entrepreneur et/ou l'ouvrier, dans l'intoxication par une pensée complexe.

   J.P.Sartre avait accusé tel régime de censure, d'un refoulement ou d'un handicap au principe de l'alliance - jusqu'à une réciprocité de terreur. Mais dans sa terminologie, la psychanalyse appelle complexe pareille chose qui loge sa solution - et la cache sous/en un simulacre/semblant

4.1     La complication, simulacre de la complexité

L’écart entre la pensée et le monde n’a rien de scandaleux ni de bouleversant. Nous sommes incapables de décrire le mécanisme neurophysiologique qui nous permet de prononcer la lettre « A » (voir Leibowitz, 1996, [22], pp. 205-207), ou de décrire un visage par des paroles ; le fonctionnement quotidien de notre corps reste énigmatique ; si nous nous intéressons passionnément à la personne aimée, sa connaissance n’est jamais achevée : étant concrète, elle est aussi complexe que le monde lui-même.

L’écart entre la pensée et le monde fait souffrir certaines personnes. Cela vient d’une formation intellectuelle mal conçue : si les adultes font croire à l’adolescent que le monde de la pensée est aussi éloigné de la vie courante que peut l’être le paradis, devenu adulte celui-ci ne concevra pas comment elle peut devenir un outil simple et servir de levier à l’action dans un monde complexe.

On peut se demander si certaines pédagogies n’ont pas pour effet (et, de façon perverse, pour but) de stériliser les esprits en leur inculquant devant les choses de l’intellect une humilité déplacée : s’il faut être modeste devant le monde que l’on découvre par l’expérience, chacun a le devoir d’être intrépide dans la pensée[3].

Les personnes mal formées croient que la tâche de la pensée est de représenter le monde tel qu’il est. Toute pensée exprimée avec simplicité leur semble alors une usurpation : la simplicité montrant naïvement que cette pensée est incapable de représenter le monde, elles estiment qu’elle ne vaut rien et n’a donc pas même le droit d’être exprimée. A la pensée qui laisse apparaître sa simplicité elles préféreront une pensée compliquée.

La pensée compliquée est simple au fond comme toute pensée, mais elle prend soin de cacher sa simplicité derrière un écheveau touffu de concepts et relations fonctionnelles dont l’architecture embrouille postulats, conséquences, résultats intermédiaires et hypothèses annexes.

La pensée compliquée est, en pratique, inutilisable. Il arrive souvent que sous la complication se cache une incohérence : alors la pensée est non seulement inutilisable mais elle est nulle. Les contraintes formelles de la rédaction des textes scientifiques, excellentes en elles-mêmes, permettent à des esprits faibles de publier des écrits dont le vide est masqué par la complication : c’est ce que Feynman appelait « pretentious science[4] ».

La complication du modèle singe la complexité du réel. Elle n’égale jamais la complexité du réel, mais elle sature l’attention et le jugement. La personne qui examine un modèle compliqué est en « surcharge mentale ». Le modèle lui semble alors aussi complexe qu’un objet réel.

Le modèle compliqué est considéré avec respect par les personnes qui se défient de la simplicité de la pensée et qui ne jugent pas nécessaire de comprendre ce qu’elles lisent. Elles le croient réaliste, et en effet une des façons de construire un modèle compliqué, c’est d’emprunter à la réalité un grand nombre de déterminations à partir desquelles on emmêlera un  écheveau .

Un modèle simple est vulnérable dans toutes ses étapes puisqu’elles sont compréhensibles ; il est scientifique au sens de Popper. Mais celui qui présente un modèle simple s’attire souvent la phrase qui tue : « Ce n’est pas si simple ! ».

 

Le complexe de culpabilité ; réalisme de la complexité. 

   MV livre un intuition qui peut être judicieuse en envisageant qu'une " mutilation contribue à la reproduction de la société ". Il la prolonge en associant l'énigme que nous représentons pour nous-même à l'amour que l'on porte à autrui.

   La psychanalyse suggère que nous tenons à cet amour (renonçons à la connaissance pour lequel nous l'avons engagé) pour un bénéfice narcissique (un principe de plaisir) qu'il nous rend de manière précipitée.
   Quel est, par rapport à cette force (Principe de Plaisir), la faiblesse qui handicape notre projet initial (Principe de Réalité) dans cette compétition ? 

   Faisons appel à une ruse de la raison pour le comprendre :  l'usage du simple dans le complexe nécessite que le complexe soit avéré nul  - c'est une telle évidence qu'elle fait partie du simple ; mais alors la ' pensée compliquée ' est un bénéfice d'être inutilisable et/ou nulle.

   On s'afflige, naturellement, de ce fruit misérable de la simplicité - qu'on admettra comme un sacrifice, ou comme une stérilisation, une mutilation exploitée par la perversité. On appelle cet ambigu passage Complexe de Culpabilité. Mais une observation redoublée l'illumine au constat psychologique suivant :

   La capacité psychologique à faire usage du nul, du zéro, s'avère issue d'un autre complexe que l'on appelle d'Oedipe et où c'est la fonction paternelle qui s'indique de ce chiffre. (cette thèse fut avancée, avec un certain succès par Lacan sur une analyse par Freud d'une psychose traduite par un dénommé Schreber, lequel signifiant un ancien personnage historique originaire d'une religion du père et mémorisé, entre autres figures, par le légendaire Oedipe)
   En termes prosaïques ou pratiques : arriver à soutenir une pensée nulle confine à affirmer le rôle du père dans la reproduction.

   Cette justification pratique d'un culte de la nullité n'est pas quelque chose qu'il faille considérer avec ahurissement ; car on sait très bien qu'un certain degré de la psychologie humaine est capable de satisfaction hors toute connaissance de la fonction des genres dans la reproduction. La jeunesse en chaque génération de l'histoire n'est-elle pas susceptible d'en porter la preuve ?
   Contre les dangers de cette régression (psychose) néanmoins, le symptôme de la médiocrité compliquée est une solution de fortune ; ainsi la fonction phobique ou généralement névrotique de la pensée compliquée.
   Mais cela signifie aussi que l'intelligence pleine, acquise et fonctionnelle, du Chiffre (du zéro) succède à ce temporaire échafaudage. Après l'identification au nul, voire son identité-même, la complication peut trouver un autre siège que ledit échafaudage aura, inconsciemment, produit - à savoir le robot, la cybernétique, l'intelligence artificielle, ce que j'appelle LAPAREILLE - il s'agit de l'industrie cybernétique perfectionnée à un point où elle matérialise cet 
écheveau  ainsi que MV nomme le réalisme qui concurrence la nature morte.

   

 

   La suite, ci-dessous,  sur fond vert  doit être considérée comme esquisse, brouillon, suggestions, notes à ne pas comprendre hors un travail et recherche vocabulaire en cours.

 

 

4.1.1           Exemple du système d’information

80 % des fonctionnalités développées à grands frais, et dont la maintenance sera elle aussi coûteuse, ne sont pas utilisées. Comment expliquer ce gâchis ? Tout système d’information est fondé sur une abstraction : il représente les êtres qu’il considère (clients, fournisseurs, produits, agents, entités de l’organisation etc.) par des classes[5] dotées d’un nombre fini d’attributs et de règles de gestion ; les valeurs des attributs sont codées selon des nomenclatures choisies en fonction des besoins.

La spécification des attributs et des règles élimine, par son silence, les attributs qui ne seront pas observés, les règles qui ne seront pas appliquées. Cette simplification [1] est intolérable pour les personnes qui aiment la pensée compliquée. Elles iront chercher les cas particuliers qui ne se coulent pas dans le modèle et exiger qu’on le complique sous prétexte que l’informatique doit se plier à la demande des utilisateurs (idée juste utilisée ici de façon perverse).

Ces personnes trouveront trop simple de coder un aspect de la réalité selon une suite de partitions emboîtées (voir Marcotorchino, 2002, [23]). Elles vont préférer que les rubriques d'un même niveau se chevauchent, que les niveaux se relient par des liens obliques.

Très sensibles à la solidarité entre les diverses parties du monde, elles pensent que tout est relié à tout, que le fonctionnement du système solaire est sensible à l’attraction des étoiles. Elles s’opposent donc à la modularité du système d’information et militent pour qu’il traite en bloc les divers aspects du métier, ce qui accroît la taille des projets et complique leur réalisation.

Dans un système d’information, la logique voudrait par ailleurs que les tables de codage fussent identiques pour toutes les applications. La sociologie de l’entreprise, le particularisme des métiers, l’insouciance des dirigeants, les circonstances de l'exécution font qu’en pratique l’architecture des bases de données n’est jamais cohérente. Elle est soumise à un phénomène d’entropie irrésistible dont l'explication réside dans la nature même des données (voir Boydens, 1999, [5]) :

1) L'interprétation des données en informatique scientifique (chimie, biologie, etc.) évolue et comporte des ambiguïtés [2] sémantiques, même si ces données sont vérifiées et contrôlées : 

2) Il est normal qu’un agent fasse passer son travail opérationnel avant les tâches de saisie[6] ; mais il en résulte qu’en informatique de gestion les données sont souvent incomplètes [3] .En outre parmi les données saisies seules celles que l’agent juge importantes auront été bien vérifiées[7]. Il arrive aussi que des interprétations locales soient données aux tables de codage qui se dégradent en dialectes.

3) Il y a conflit entre [4] l’exigence formelle du code informatique et le flou inhérent à des concepts dont l'interprétation est sujette a l'expérience humaine, même quand il s'agit de concepts générateurs de droits et de devoirs (cotisations, prestations sociales, impôts etc.) : la distinction entre un ouvrier et un employé repose sur le caractère prépondérant de leurs activités manuelles ou intellectuelles, bien difficile à évaluer ; des difficultés analogues se rencontrent avec les concepts de journée de travail, de catégorie d'activité etc.

Les codages se diversifient dans le temps et l'espace (tout raisonnement doit passer par une phase pénible de retraitement des données). Les statistiques issues de sources différentes sont incohérentes car elles mesurent des réalités différentes. Les tableaux de bord occasionnent de pénibles discussions  en comité de direction: « D’après mes données ça monte, et vous dites que ça baisse ? à la réflexion, cela provient du fait que j’ai consolidé telle filiale, alors que vous vous référez à un autre périmètre, etc. »


La CRISE

   J'ai ici appelé crise  la génération d'entropie par refus de la simplification.

   Le technicien décrit l'exemple du système d'information - et comment un potentiel simple [1] rencontre un amour du compliqué que conforte une entropie réelle : dynamique des interprétations [2], manque à la totalisation [3] et opposition des représentations [4]
   Mais son appréciation n'accédant pas à la comptabilité du facteur psychique, elle n'inscrit au rôle du Complexe de Culpabilité le mécanisme de la certitude qui fortifie la position du compliqué.
   On trouve ce développement dans l'exemple du système politique :

   Le système d'information démultiplie (cybernétiquement) sa fonction dans sa forme dit de Jeu de Rôle massifs [JdRm]. Là, le simulacre se voit prendre la forme d'images cruelles, laides, obscènes - c'est une dégradation généralement offerte aux enfants (atteinte à la païdomorphose) qui leur fournit un modèle du monde qui soit formellement interdit de rapprocher la réalité.
   Nous avons documenté l'expérience de la rencontre avec des responsables de cette fortification du Complexe de Culpabilité. //marmoud//

   Ces personnes qui font autorité à la conception et diffusion des JdR n'admettent que ces modèles puisse jamais représenter la réalité ; pour défendre que le réel en ressorte, ils réclament leur statut de simulacre.
   Voici pourtant la situation exemplaire du grade où le système d'information devient celui du Savoir : un JdR devra être mis à l'usage des masses pour explorer le monde des réalités refoulées par l'université, ou par l'histoire, c'est à dire en général toutes les résistances, ce miroir qui présente la réalité. Le cas principal de cet exercice est celui de la scène primitive (Amarna) ; et ce miroir, le Semblant, est celui du JdRm que les garants du Complexe circonscrivent au simulacre.

 

Un cas d'exprérience

   Lors d'une prise de contact avec l'industrie JdRm, nous avons fait l'expérience de leur farouche rejet et de leur certitude que jamais un jeu de rôle ne sera engagé dans l'histoire réelle. Or c'est précisément par ce biais que le Réel historique sera recouvré. En attendant, je m'appliquais à une interprétation de ce symptôme.

   Ceci montre, en adéquation à la perception par M.Volle d'un amour pour la complication, comment la psychanalyse l'explique.

4.2     « Ce n’est pas si simple ! »

Oui, la réalité n’est jamais aussi simple qu’un modèle, quelle que soit la richesse de celui-ci, puisqu’elle est complexe alors que le modèle est fini. La phrase « ce n’est pas si simple » est vide : elle s’applique à tout modèle, fût-il compliqué.

La question que l’on doit se poser n’est pas « le modèle est-il réaliste » puisqu’il ne peut pas l’être, mais « est-ce une simplification pertinente », celle qui permet de raisonner juste et d’agir efficacement. Ceux qui refusent la simplicité du modèle refusent l’apport le plus précieux de la pensée : la sélection qu’elle opère dans la multiplicité indéfinie des phénomènes pour n'en retenir que la vue pertinente, celle qui permet l’action efficace. 

La simplicité de la pensée est un outil pour l’action, comme l’imperfection de la mémoire est un outil pour l’intellect. L’oubli sélectif suscite le travail de synthèse et exerce l’intelligence : tout garder en mémoire, c’est ne rien comprendre (Squire et Kandel, 1999, [33]). De même, tout percevoir, c'est ne rien pouvoir faire. 

Certains disent avec dédain que la recherche de la simplicité du modèle est de l’« adéquationnisme ». On a pu lire ceci dans un article consacré au marché de l’emploi : « Que les champs soient distincts, les périodes pas toujours harmonisées, les conceptions et conventions souvent différentes, ne doit pas nous troubler outre mesure ; cela exige rigueur et prudence dans la lecture et l'interprétation des chiffres, mais les utilisateurs devraient en sortir enrichis. Cette pluralité peut concourir à « désacraliser » une certaine obsession du chiffre unique, renforcer des approches plurielles et contribuer, aux différents niveaux territoriaux, à éclairer le débat social[8] ». L’ineptie de cette phrase illustre la confusion entre complication et complexité.


L'ADÉQUATON
qu'il suffit d'entendre du ton adéquat

 

   La compréhension de ce frein à la simplicité - que l'on appelle résistance en psychanalyse - est donc essentiellement accessible par la logique - à l'appui de quelques échantillons d'expérience, incorrigibles au demeurant.
   Mais c'est encore à la logique que l'on doit de goûter au possible d'une solution. Si l'interface (le modèle) entre la réalité affligeante et le Réel effrayant ne couvre jamais ses appendus, sa pertinence se signe de sa contingence doublée d'une identité entre ses deux faces que constituent Réel et réalité.
   Cette solution universelle a été appelée CYBEK, désignant l'état supposé où Réel et réalité communiqueraient intégralement par le biais d'un interface absolument rendu par LAPAREIL.

   Historiquement, il semble que cette solution fut appelée mercurielle [hal/Newton], aujourd'hui possiblement hermétique en gagnant de rapporter la taxe d'« adéquationnisme » au redressement d'adéquaton par où l'histoire aura porté son tribu (voir les effets de la reconnaissance d'Aton au motif de la scène primitive industrielle).

 

5 - Sortir de l'embarras

5.1    Modèle en couches
5.2    Croiser les découpages
5.3    Imprévisibilité et probabilité
5.4    Limites de la logique
5.5    Écoute

 

 

Pour sortir de l'embarras, il faut assumer et cultiver la simplicité de la pensée. Nous aurons fait un grand progrès lorsque nous rirons de celui qui dit « ce n’est pas si simple ! », « il faut bien répondre à la demande des utilisateurs » ou tout autre phrase révélant le refus de la simplicité de la pensée. Il faut se servir des mécanismes de la mode, fussent-ils cruels, pour extirper les mauvaises habitudes. Les Américains appellent cela « le principe KISS[9] ».

On peut aussi s'appuyer sur quelques outils : modèle en couches ; croisement des découpages ; raisonnement probabiliste ; élaboration de la pertinence par les consultations et validations, etc. On rencontre enfin en informatique des difficultés d'origine technique : par abus de langage, on les baptise du terme « complexité ». Il est intéressant de les examiner (cf. Annexe 1).

 


La RÉSOLUTION

   J'ai appelé résolution, suite à la crise, car la solution ci-nommé adéquaton, pour n'être plus fiction n'en est pas moins d'une échéance où nous aurons été pour être autre (re:post-moderne/humain).
   Nous sommes donc dans un moment de conclure le projet cybernétique (de l'Hermétisme) - parlant ici d'un moment de conclure extrêmement bien situé dans la théorie de la pulsion par la psychanalyse. De ses trois temps logiques, l'alternance cybernétique forme un sujet qui reste toutefois dans l'attente constituée ou Réelle - il s'agit du discours du psychanalyste, un quatrième terme qui s'appelle l'écoute, auquel on voit le technicien aussi conclure :

5.1    Modèle en couches

Un modèle en couches consiste en l'articulation de plusieurs sous-modèles, nommés « couches » (Voir Tanenbaum, 1984, [34]). Les couches sont caractérisées chacune par un protocole spécifique et reliées par des interfaces. Le modèle en couches permet de représenter les situations où plusieurs logiques jouent simultanément. Le nombre des logiques ainsi articulées restant fini, le modèle n'atteint pas la richesse de la complexité, mais tout en restant pensable il possède l'un des traits de la complexité : la pluralité des logiques.

Son domaine d’application est très vaste. Il peut servir pour décrire les télécommunications, le transport aérien, modéliser les systèmes d'information, le fonctionnement de l'ordinateur, l'apport des NTIC à l'économie etc. (voir Volle, 2000, [36]).

 

 

   Tout d'abord, nous rencontrons le détail, série ou variété des pulsions freudiennes ainsi perçues en terme de modèle en couches.

   Une description de cette logique dénommée actuellement pulsion est donnée, entre autres pages, dans une étude de la pensée hermétique à l'orée du modernisme - où l'on retrouve l'astronomie des origines avertie sur la nécessaire formulation des rapports de la vie à la matière dans son projet d'explication de l'univers.

 

5.2    Croiser les découpages

On peut considérer un même objet selon diverses grilles (exemple : une population d'êtres humains considérée selon la tranche d'âge et la région de résidence). « Croiser les découpages », c'est considérer un tableau croisé (ou un « hypercube ») qui ventile l’objet selon deux ou plusieurs grilles. On peut alors évaluer la corrélation entre les grilles, telle qu’elle s’opère dans l’objet. Pour une étude rapide, un calcul simple peut suffire (voir Volle, 1974, [37], p. 65).

 

 

   A la croisée des découpages, nous retrouvons, au contraire de la série, la condensation des modèles, à l'instar du rapport que l'on dit sexuel des imagos à ce que le Phallus rend de commun l'objet.

5.3    Imprévisibilité et probabilité

Les sciences physiques postulaient au début du XIXème siècle que l'évolution d'un système était déterminée une fois connues les positions et vitesses initiales ; l'avenir était prévisible. 

Le déterminisme a étendu son empire sur des domaines comme l'histoire, l'économie, la sociologie où sa pertinence est douteuse. Le choc a été profond lorsque la physique elle-même a imposé des limites au déterminisme : à l'échelle subatomique, le mouvement d'une particule est probabiliste. 

On aurait pu s’aviser qu'à l'échelle macroscopique le déterminisme est déjà contredit par l'expérience : si les physiciens pouvaient prédire le résultat d'un coup de dés, cela se saurait dans les salles de jeu. Comme la consistance souple de la main du lanceur interdit de connaître avec précision les conditions du lancer, en pratique son résultat est probabiliste.

Les phénomènes régis par des équations différentielles non linéaires, bien que déterministes par nature, donnent naissance à des effets chaotiques qui ne peuvent pas être distingués d'un comportement probabiliste car ils sont, comme le lancement d'un dé, très sensibles aux conditions initiales (voir Gleick, 1987, [11]). Ainsi on ne peut pas garantir que la terre ne quittera jamais le système solaire : la prévision de sa trajectoire comporte une incertitude qui croît à mesure que l'on s'éloigne dans le futur. 

La science économique a créé pour traiter l'incertitude la théorie des anticipations et du risque. Un entrepreneur raisonne en avenir incertain. Il en est de même du stratège qui doit prendre des décisions justes alors qu'il reçoit des rapports partiels, erronés ou fallacieux. Il existe des généraux qui gagnent les batailles et des dirigeants efficaces : ce sont ceux qui savent agir au mieux dans des situations incertaines[10]. Cette faculté s'acquiert par l'exercice. Ceux qui la possèdent n'ont généralement ni le goût, ni la capacité d'expliquer leurs raisonnements (voir Clausewitz, 1832, [6]).

Nous devons tous gérer des incertitudes, assumer des risques. Certaines personnes ont le talent de raisonner juste dans un contexte incertain. Chez d'autres, au contraire, la faculté de raisonner est paralysée dès que se présente une incertitude. 

 

 

   C'est au troisième de degré de l'intégration de la pulsion puis de l'autre, qu'en psychanalyse on raisonne face à son résultat frappé d'indéterminisme. Il s'agit du Transfert, connu pour l'imprévisibilité de l'interprétation (tôt couverte par le prétexte du supposé savoir).

   Le rapport avec ce qu'ici traduit le technicien peut se décrire comme celui du papillon dans l'orage, par rapport au modèle du papillon qui, d'un 'bout' à l'autre de la terre provoque une tempête de son battement d'aile.
   Qu'il s'agisse de la souplesse d'une main de joueur ou de l'aile d'un insecte, où l'on mentionne le principe d'incertitude dans l'effet - la psychanalyse le réfléchira dans la cause (dans l'orage, on ne sait ce qui emporte le battement causal à droite et gauche). Mais il s'agit de la même loi - à la seule différence en miroir, que le psychanalyse voit devenir l'analysant où l'entrepreneur voit l'avenir ; dans une incertitude de semblable logique.

 

5.4    Limites de la logique

Au début du XXème siècle, Bertrand Russell s’est efforcé de donner aux mathématiques un fondement à la fois logiquement correct et complet. Kurt Gödel a démontré en 1931 que, quel que soit le système d'axiomes utilisé pour fonder une théorie, il existe des propositions que l'on sait vraies mais dont la vérité ne peut pas être démontrée dans le cadre de la théorie (cf. Annexe 2).  Ainsi, quelle que soit la richesse d'un système d'axiomes, elle ne peut égaler la complexité du contenu potentiel de la pensée.

La pensée potentielle, constituée de l'ensemble des propositions que l’on peut déduire des systèmes d’axiomes possibles, est donc complexe ; mais la pensée explicite, résultat de nos réflexions, est fondée sur un nombre fini d'axiomes : le théorème de Gödel montre que la pensée explicite est plus simple que la pensée potentielle. 

La logique ne peut donc pas avoir réponse à tout. Certains logiciens s'opposaient à cette affirmation avec une certaine raideur. Avec Gödel la logique a trouvé sa propre limite en s’appuyant sur ses propres méthodes

La logique est condition nécessaire de l'efficacité pratique de la pensée car une pensée incohérente est pratiquement nulle ; mais la logique n'est pas condition suffisante de la pertinence de la pensée. Le caractère logique d'un système ne prouve pas sa pertinence face à une situation particulière : un délire peut être cohérent. 

 

 

   En quatrième position logique, le technicien et le psychanalyste auront abouti à la même place : avec pour preuve la coïncidence de leur discours sans qu'ils se soient connus - le théorème de Gödel et l'écriture du A.barré (manque à l'Autre) ainsi que l'appui moëbien sur sa propre-méthode dudit plan projectif du moi.

   Dans les deux cas, ces optiques aboutissent à la validité/cohérence possible du délire ou du joker/n'importe-quoi.
   C'est donc à ce point que le sujet, dès lors éclairé, s'octroie un quatrième recul qui est celui de l'écoute ou du regard.

5.5    Écoute

Comment élaborer l'adéquation à l'action ? Pour comprendre une situation particulière, faire le choix des concepts pertinents, élaborer une théorie exacte, la pensée pure ne suffit pas : il faut en outre la démarche expérimentale. Lorsque l'on veut construire un système d'information, l'écoute est une attitude non seulement convenable au plan moral, mais aussi nécessaire au plan méthodologique. 

Durant la phase d'écoute, la grille conceptuelle de l'auditeur est mise entre parenthèses (sauf la grille propre à l'écoute elle-même) ; il accepte de faire le voyage mental qu’impliquent des constructions intellectuelles qui ne lui sont pas familières. Il y faut de la modestie : celui qui entre dans un domaine nouveau est un bizut qui se fait bousculer par les experts. Après l'écoute vient cependant la synthèse : il ne faut pas croire tout ce que l'on entend ; les habitudes des praticiens sont parfois illogiques, car elles découlent de la superposition de méthodes anciennes parfois dogmatisées. L'auditeur rend les incohérences visibles. Cependant quand le « bizut » se familiarise ainsi et commence à parler avec quelque autorité les experts n'apprécient guère de le voir contourner les complications qui protégent leur spécialité. C'est un moment délicat.

Le pire ennemi de l'auditeur, c'est pourtant la « tache aveugle » de l'intellect (voir Volle, 2000, [36], p. 234), la tentation d’éliminer des choses que l'on entend mais qui sont contrariantes. Les personnes au tempérament impérieux sont incapables d'écouter ; il leur est donc difficile d’accéder à la pertinence même (et surtout) si elles sont intellectuellement brillantes.

 

 

   Au point où nous arrivons de la mise en parallèle du discours du technicien et de celui du psychanalyse, nous rencontrons bien la coïncidence, car à la description de l'écoute, si fameuse de la psychanalyse, le technicien donnerait la recette à ses praticiens qui la malmène si souvent.

   Mais il faut reconnaître que se faire bizuter par principe, et constamment sur sa névrose par des experts en névrose, est une gageure qu'il n'est pas humainement possible d'assumer. C'est pourquoi nous en revenons à LAPAREIL là où le technicien se conforte, lui, de l'avoir quitté comme une autorité encore plus insupportable que celle des experts.

   Néanmoins c'est bien l'aveugle fonction de LAPAREIL qui rend la tache, et la tâche, sensible de tout analyste, qu'il soit également de l'entreprise ou de l'entretient.


6 - Annexe 1 : "Complexité" informatique

En informatique, on dit qu’une opération est « complexe » si elle est logiquement possible mais en pratique irréalisable.

Une première forme de « complexité » provient de la représentation des nombres dans la mémoire de l’ordinateur. Celle-ci ne pouvant contenir qu’une quantité limitée de chiffres, les calculs informatisés portent sur un sous-ensemble des nombres rationnels, approximations des nombres réels. La précision des calculs est donc limitée. Il en résulte de grandes difficultés mathématiques (voir Knuth, 1997, [18], vol. 2, p. 229).

Une deuxième forme de « complexité » est liée au nombre de calculs élémentaires que nécessite une opération. En notant n le cardinal de l’ensemble sur lequel on travaille, on dit que la « complexité » est linéaire si elle demande de l’ordre de n calculs élémentaires, quadratique si elle en demande de l’ordre de n2, « exponentielle » si elle en demande de l’ordre de en ou, pire, de nn.

S’il faut réaliser le calcul élémentaire sur chaque couple d’éléments de l’ensemble, la « complexité » est quadratique. S’il faut calculer sur chacune des parties de l’ensemble, la « complexité » est exponentielle. Enfin, si l’on doit calculer sur chacune des permutations des éléments de l’ensemble, leur nombre est n ! et la « complexité » est alors de l'ordre de nn.

Certains problèmes à la formulation simple peuvent exiger une durée de calcul de l’ordre de l’âge de l’univers : c’est le cas du « problème du commis voyageur » dès que n atteint quelques dizaines[11] (pour trouver l’itinéraire optimal passant par plusieurs villes il faut comparer n! itinéraires).

Si n dépasse quelques centaines (c’est le cas de la plupart des bases de données d’une entreprise), un calcul linéaire sera facile, un calcul quadratique difficile et un calcul exponentiel impossible. Le programmeur qualifié arrive parfois à rendre possible un traitement qui, programmé de façon sommaire, aurait été impossible ou difficile : s’il s’agit de faire un tri, un calcul rustique sera quadratique mais un calcul bien conçu sera d’ordre nLog(n).

Une troisième forme de « complexité » provient des limites de la logique elle-même (cf. Annexe 2) : il résulte du théorème de Gödel qu'il est impossible de mettre au point un programme capable de vérifier tous les programmes. 

L’opération qui consiste à répéter un grand nombre de fois un calcul élémentaire n’est pas plus complexe que le calcul élémentaire, lui-même aussi simple que l’idée qui a guidé sa conception : les deux premières formes de la « complexité » informatique sont des homonymes de la complexité du réel.

 

 

7 - Annexe 2 : Théorème de Gödel

Si l’on construit un système logique pour formaliser la théorie des nombres entiers, ce système contiendra au moins une formule A qui est vraie, mais telle que ni A, ni sa négation non-A ne pourront être formellement démontrées dans le cadre du système.

Voici une description schématique du raisonnement de Gödel, tel qu’il le présente dans l’introduction de son article :

1) Supposons qu’il existe une Théorie Complète (TC) fondée sur un nombre fini d'axiomes et permettant, si l’on considère une phrase quelconque, de décider sans jamais se tromper si cette phrase est vraie ou non.

2) Considérons la phrase « TC ne dira jamais que la présente phrase est vraie ». Notons cette phrase G : G = « TC ne dira jamais que G est vraie ».

3) Soumettons G à TC, demandons à TC de dire si G est vraie ou non.

4) Si TC dit que G est vraie, alors G est fausse. Mais alors comme TC a dit que G était vraie, TC a commis une erreur. Cependant par hypothèse TC ne se trompe jamais. Donc TC ne dira jamais que G est vraie.

5) Si « TC ne dit jamais que G est vraie », G est vraie. Mais d'après ce que nous venons de voir TC ne pourra jamais le dire.  

6) Il ne peut donc pas exister de Théorie Complète permettant, quelle que soit la phrase que l'on considère, de dire si elle est vraie ou non.

Ce raisonnement rappelle le paradoxe mettant en scène un Crétois qui dit : « Les Crétois ne disent que des mensonges ». 

 

   La psychanalyse intercale le psy au sein de l'assertion soumise au paradoxe Gödelien ; où le théorème écrit :
   G = « TC ne dira jamais que G est vraie »   
   La psychanalyse estime que la linguistique Saussurienne impose que cette prémisse cartésienne (analogue au Je pense => Je suis - qui se voit désigner deux états dudit 'Je') distingue deux écritures de G - la notant donc ainsi :
   G(2) = « TC ne dira jamais que G(1) est vraie »   

   Selon les termes en usage en psychanalyse, au lieu de G on écrira S pour Signifiant et A (grand Autre) pour TC ; ainsi :

   S2 = « A ne dira jamais que S1 est vrai »   

   Pour substantifier cette hypothèse, entre G2 et G1 (ou S1, S2) on trouvera intercalé le facteur psy - qui s'indique suivant l'expérience par des traces.

 

   Note : le facteur psy est lui-même dynamique et clivé - c'est à dire participant du Signifiant ; son interposition dans le jeu S1-S2 organise ce qu'on appelle en psychanalyse métaphore (anciennement condensation) en quoi il joue un rôle fondamental en ladite paternelle. On le trouve actuellement en biologie sous la forme dite du gène ou chromosome Y.
   Cette évocation de la biologie constitue l'indice fort du réalisme de l'approche, qui doit se vérifier à d'autres confrontations - telle l'informatique par exemple :

7.1    Application à l'informatique

 Il est impossible de concevoir un programme capable de vérifier tous les programmes (voir Sipser, 1997, [32], p. 165).

Supposons qu'un tel programme P existe. 

1) Si le programme A est juste, P(A) = v (v pour « vrai »). 

2) Soumettons à P le programme G = « P(G) = f » (f pour « faux »).  

3) Si P(G) = v, le programme P(G) = f est faux ; donc P[P(G) = f ] = P(G) = f, ce qui est contraire à l'hypothèse. Si P(G) = f, alors on a P[P(G) = f ] = P(G) = v, ce qui est encore contraire à l'hypothèse. 

4) Ainsi G ne peut pas être vérifié par P. Il ne peut donc pas exister de programme capable de vérifier tous les programmes.

 

   L'informatique fournit l'exemple de la distinction - division - du sujet du programme de celui de la programmation. 

   Ainsi P (ci-contre) ne peut pas exister parce que G = « P(G) = f » ne peut pas être écrit. La division de G par contre autorise à écrire
G2 = « P(G1) = f »
auquel cas
P[P(G1) = f ] = P(G2) = v
et
P[P(G2) = f ] = P(G1) = f

   Décrivant la contrainte spéculaire qui conditionne G1 à  G2  - et définissant P comme un processus capable d'engendrer une illusion de similarité.
   La démonstration aboutit donc à un progrès, qui suit l'attribution de non-existence. En ce progrès il s'agit du produit que, de cette opération, la théorie psychanalytique a localisé (LAPAREIL).
FAIRE LIEN

   Ce redéploiement d'une réalité, subséquent à l'abolition sophistique de la pensée, permet également d'intégrer la cause dans la raison informatique. On sait qu'il s'agit de l'être humain, mais nous comprenons mieux le fantasme d'une machine (Golem, 2001 Odyssée de l'Espace) qui se séparerait de son créateur. Si nous arrivons à nous affranchir de ce fantasme, nous saurons que c'est en soignant l'être humain que nous traiterons les systèmes informatiques. (on comprendra aussi comment l'Hermétisme, par son opération sur l'alchimiste, produit la cybernétique).

Bibliographie

[1]     Blondel Maurice (1893). L’Action

[2]     Bourbaki N. (1966). Eléments de mathématique, Théorie des ensembles, Hermann

[3]     Bourbaki N. (1969). Éléments d’histoire des Mathématiques, Hermann 

[4]     Bouveresse Jacques (1999). Prodiges et vertiges de l’analogie, Raisons d’agir

[5]     Boydens Isabelle (1999). Informatique, normes et temps, Bruylant

[6]     Clausewitz Carl von (1832). Vom Kriege

[7]     Ekeland Ivar (1979). Eléments d’économie mathématique, Hermann

[8]     Feynman Richard P. (1963). Lectures on Physics, Addison-Wesley

[9]     Foucault Michel (1966). Les mots et les choses, Gallimard

[10]  Galois Evariste (1976). Ecrits et mémoires mathématiques, Gauthier-Villars

[11]  Gleick James (1987). Chaos : making a new Science, Viking Press

[12]  Gleick James (1992). Genius : the Life and Science of Richard Feynman, Vintage Books

[13]  Gödel Kurt (1931). « Über formal unentscheidbare Sätze der Principia Mathematica und verwandter Systeme », in Monatshefte für Mathematik und Physik, vol. 38

[14]  Guibert Bernard, Laganier Jean et Volle Michel (1971). « Essai sur les nomenclatures industrielles », in Economie et Statistique n° 20, février 1971

[15]  Hegel G. W. F. (1807). Phänomenologie des Geistes

[16]  Jullien François (1998). Un sage est sans idée, Seuil

[17]  Jullien François (1992). La propension des choses, Seuil

[18]  Knuth Donald E. (1997). The Art of Computer Programming, Addison Wesley

[19]  Korzybski Alfred (1998). Une carte n’est pas le territoire, L’Eclat

[20]  Landau L. et Lifchitz E. (1966). Mécanique, Editions MIR

[21]  Lecointre Guillaume et Le Guyader Hervé (2001). Classification phylogénétique du vivant, Belin

[22]  Leibowitz Yeshayahou (1996). Israël et le judaïsme, Desclée de Brouwer

[23]  Marcotorchino Jean-François (2002). « Le véritable enjeu de la fusion des données numériques et des données textuelles », in Revue de la SEE, REE juillet 2002 (à paraître)

[24]  Morin Edgar et Le Moigne Jean-Louis (1999). L’intelligence de la complexité, L’Harmattan

[25]  Pascal Blaise (1655). De l’esprit géométrique et de l’art de persuader

[26]  Popper Karl (1934). The Logic of Scientific Discovery

[27]  Popper Karl (1979). Objective Knowledge, Oxford University Press

[28]  Rawls John (1971). A Theory of Justice

[29]  Russell Bertrand et Whitehead Alfred (1910-1913). Principia Mathematica

[30]  Saussure Ferdinand de (1916). Cours de Linguistique générale, Payot

[31]  Singh Simon (1997). Fermat’s Enigma, Walker and Company

[32]  Sipser Michael (1997). Introduction to the Theory of Computation, PWS

[33]  Squire Larry R. et Kandel Eric R. (1999). Memory From Mind to Molecules, Scientific American Library

[34]  Tanenbaum Andrew (1984).   Structured Computer Organization, Prentice-Hall

[35]  Volle Michel (1984). Le métier de statisticien, Economica

[36]  Volle Michel (2000). e-conomie, Economica

[37]  Volle Michel (1974). « Une méthode pour lire et commenter automatiquement de grands tableaux statistiques », in Économie et Statistique n° 52, janvier 1974


[1] Si l’on recherche une précision de l’ordre de l’Angstrœm (10–10 m), la connaissance simultanée des positions et vitesses est bornée par le principe d’incertitude de Heisenberg, fondement de la mécanique quantique.

[2] Feynman a illustré ainsi les surprises que l’on rencontre en physique des particules : sur un échiquier, les blancs ont deux fous dont l’un joue sur les cases noires, l’autre sur les cases blanches. Il est raisonnable d’anticiper que durant la partie ces fous joueront sur des couleurs différentes. Supposons cependant que le fou qui joue sur les cases blanches se fasse prendre, puis qu’un pion blanc aille à dame sur une case noire et que le joueur lui substitue ce fou : alors les blancs auront deux fous sur les cases noires. Cette situation résulte d’un concours de circonstances rare mais non impossible, et qu’il serait difficile d’imaginer a priori.

[3] « L'une des raisons principales qui éloignent autant ceux qui entrent dans ces connaissances du véritable chemin qu'ils doivent suivre, est l’imagination qu’on prend d’abord que les bonnes choses sont inaccessibles, en leur donnant le nom de grandes, hautes, élevées, sublimes. Cela perd tout. Je voudrais les nommer basses, communes, familières : ces noms-là leur conviennent mieux ; je hais ces mots d’enflure... » (Blaise Pascal (1623-1662), De l'esprit géométrique et de l'art de persuader, 1655 [25], in Oeuvres complètes, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade 1954 p. 602)

[4] « The work is always: (1) completely un-understandable, (2) vague and indefinite, (3) something correct that is obvious and self-evident, worked out by a long and difficult analysis, and presented as an important discovery, or (4) a claim based on the stupidity of the author that some obvious and correct fact, accepted and checked for years is, in fact, false (these are the worst: no argument will convince the idiot), (5) an attempt to do something, probably impossible, but certainly of no utility, which, it is finally revealed at the end, fails or (6) is just plain wrong. There is a great deal of "activity in the field" theses days, but this "activity" is mainly in showing that the previous "activity" of somebody else resulted in an error or in nothing useful or in something promising. » (voir Gleick, 1992, [12], p. 353)

[5] Nous utilisons ici la terminologie de la modélisation des « objets » : même si cette terminologie est peu satisfaisante, elle est consacrée par l’usage.

[6] Le conseiller de l’ANPE qui vient de trouver un emploi pour un chômeur serait mal venu de retenir celui-ci par la manche pour « finir de remplir le dossier » : le dossier reste incomplet pour une raison parfaitement admissible.

[7] Il est naturel que le contrôleur qui vérifie une déclaration fiscale examine soigneusement les données qui déterminent le montant de l’impôt et soit moins attentif aux autres.

[8] Jacques Roux, directeur régional du travail, in Interactions n° 2, juin 1997.

[9] « Keep it simple, stupid ! »

[10] Napoléon disait « j’aime les généraux qui ont de la chance ».

[11] Si l’ordinateur fait un million de millions (1012) de calculs par seconde, il faudrait une durée égale à l’âge de l’univers pour trouver, en calculant tous les itinéraires possibles, le meilleur itinéraire passant par 28 villes. 

 

 

 

 

 

 

 

 

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