table = Génomique > astral > Moi > mémoire > propriété > âme > Consciencescience > force > synthèse

Le Passage Crucial

   Au point de la lecture où nous sommes arrivés (5-6em étape), l'analyse de Steiner [ fig.ci-contre : une double forme (physique et éthérique), un Moi et un double système Astral : un être psychique et une âme ] dépend toute entière de la validité de ce dernier élément. Car RS  [RS=Rudolph Steiner in La Science de l'Occulte]  introduit abruptement l'âme sans aucune référence, aucune explication ni définition ! C'est au lecteur d'estimer si ce recours est valable. Pour cela, il ne peut que premièrement constater que cette notion d''âme' a eu cours depuis des milliers d'années, parfois avec des tentative de la soutenir rationnellement, à d'autres moment avec la foi seule pour évidence. L'imprégnation du jugement par cette idée, durant des siècles a été telle que les scientifiques il y a un siècle encore, en parlaient comme les poissons parlent de l'eau ; avec une évidence absolue. Freud appela initialement sa méthode "analyse de l'âme" et les plus grands biologistes comme Haeckel (fondateur de l'Écologie) à cette époque employaient le terme aussi fréquemment qu'on emploie l'article 'le' dans une phrase. Steiner ne fait pas défaut à ce recours à ce Joker qui risque bien, de nos jours critiques, de mettre un point final à sa thèse.

   A ma connaissance, il n'y a qu'une bouée de sauvetage qui puisse la sauver. C'est peu de chose et c'est précaire dans une tempête mais ce serait une faute de ne pas la lancer. Il s'agit de l'hypothèse génétique. Elle présente deuxièmement l'avantage d'avoir déjà été posée à l'initial avec le corps éthérique - tout en alimentant cette suggestion initiale, ceci rattrape le défaut que présente RS de ne faire intervenir l'âme de nulle autre part. Troisièmement cette identification de ce signifiant antique (âme) avec une découverte récente (génétique) a été déjà suggérée par d'autres chemins ; il s'agit principalement de la piste par le semblant en psychanalyse et le mème en génétique que j'ai traitée par ailleurs. C'est un argument distant qui doit cependant être signalé.
   Nous limitant à la lecture actuelle nous allons donc examiner si en parlant de l'âme, RS ne fait pas allusion à quelque chose que son époque était à l'aube de découvrir et qu'elle avait appréhendé, depuis longtemps, par une certaine intuition sous le vocable d'âme.
   Le fait de trouver dans le passé une allusion à une découverte n'est pas très indécent à l'entendement ; il est beaucoup plus difficile de soutenir de découverte quelque chose dont il n'y aurait jamais rien eu, ni suggestion, ni indice ni trace. Sans crier à la validation de l'intuition, on peut soutenir qu'une découverte soit annoncée, attendue, pressentie par des éléments intrigant ou simplement la logique. Ainsi, quatrièmement, du double fait historique : a) qu'on ait toujours parlé de l'âme sans savoir ce qu'on disait et b) qu'on découvre aujourd'hui quelque chose qui a toujours été sans qu'on n'en ait jamais parlé, il est raisonnable et indiqué de vérifier si ces deux termes, "âme" et "génétique" ne sont pas tout simplement la signification de la même chose.

   Dans cette perspective on relève : 1) que RS introduit sa notion d'âme au motif d'une âme dite de sensibilité; il annonce par conséquent qu'il doit y avoir "plusieurs" âmes ou plusieurs qualité d'âme. Ce n'est pas encourageant! car personne n'a jamais encore dit qu'il y avait plusieurs types, niveaux ou systèmes de chromosomes. Mais si nous ne craignons pas de penser que les généticiens n'ont pas encore tout découverts, nous pouvons sans trop de lassitude soutenir l'effort de regarder dans cette perspective :
   On observe donc la description, chez les auteurs grecs tel Épicure, d'une dénommée "âme de sensibilité". Nous sommes donc bien dans le classique. Puis RS mentionne immédiatement une âme d'entendement... que nous ne trouvons pas désignée par le même auteur classique cependant qu'il s'y "entend" parlant des objets matériels et sons/vocaux ; le dénommé Epicure traite déjà, en terme de "prolepse" (ou prénotion) de ce que la psychanalyse déchiffre du langage (anticipation). Avant qu'il n'arrive à une troisième 'âme' - une âme de conscience - RS accentue même l'anticipation jusqu'à distinguer la linguistique comme le fera la psychanalyse, portant l'accent sur la nomination (de la sémantique du terme «moi» - RS - jusqu'au phallus & nom-du-père - Lacan). Mais bien qu'indubitablement rapportant aux notions philo&psychologiques les mieux établies, toutes ces remarques ne sont encore que spéculatives ; ce n'est qu'avec la génétique que l'on gagne un sol ferme et objectif :

   On relève donc encore que 2) la cybernétique (également science du code/chiffrage) assure de manière très charpentée (logique, mathématique, instruments) une vie, ou une intelligence, qu'elle divise en trois fonctions/états : la relation entre les organismes cybernétique est descriptible en un code de sensibilité (chiffrage d'entrée) donnant corps à un code d'interprétation (déchiffrage de l'écriture entrée) propre à faire allusion à l'entendement - auquel code succède un troisième, désignable d'analyse [l'annonce récente de Google en témoigne : son intelligence artificielle qui permettait une première lecture sensible (exple : commande vocale «je mange les lychees» et premier chiffrage lexical) vient d'acquérir le deuxième code (entre «l'élite chie» et «les lychees» l'interprétation du "je mange" permet de choisir le déchiffrage correct - la lecture s'appuie donc sur elle-même) - et le troisième code prédit par H.v.Foerster est imminent (qui permettra en fonction de l'environnement de la lecture d'analyser l'idéologie de l'interprétation choisie -  lecture de l'appui de la lecture)]. Or si nous parlons en terme de Code, génétique & cybernétique sont identiques. On peut ainsi dire qu'au 21em siècle l'ADN découvre une composition trine - consolidant, d'une extrême manière l'hypothèse qu'on puisse y identifier "âme", précédemment décrite aussi en terme des mêmes trois instances. Ce qu'on pouvait craindre de dilettante dans la référence par RS à l'âme inexpliquée, gagne de ce fait, une validation de rationalité.

 

 

: s o u r c e :

RS 1909 - ed.1976

ed. 1938

   Le Moi s’élève d’un degré lorsqu’il dirige son activité sur le résultat des perceptions extérieures dont il a fait son bien. Cette activité est celle, grâce à laquelle le Moi s’abstrait de plus en plus des objets de la perception pour élaborer ce qu’il s’en est assimilé. La partie de l’âme où s’accomplit ce travail peut s’appeler âme-raison ou entendement. Ces deux activités de l’âme, sensibilité et raison, ont pour objet d’élaborer les matériaux dus à la perception des objets extérieurs et conservés par la mémoire. L’âme dans ce travail est confinée dans ce qui lui est venu de l’extérieur. Car ce qu’elle s’est assimilé par la mémoire vient comme le reste de l’extérieur. Mais l’activité de l’âme peut s’élever à de plus hauts objets. L’occultisme peut donner une idée de cet essor en se référant à un fait d’expérience très simple qu’il suffit de comprendre dans toute sa signification :
   C’est qu’il y a dans la langue humaine un mot qui par son essence se distingue de tous les autres : nous voulons dire le mot : Moi. Les autres mots peuvent être appliqués à l’objet qu’ils représentent par tout individu. Le mot « Moi » appliqué à un être n’a de sens que s’il lui est appliqué par cet être lui-même. Jamais le mot « Moi » ne peut venir de l’extérieur frapper une oreille humaine : l’être seul peut l’employer à se désigner soi-même. Je suis un « Moi » pour moi seul : pour tout autre je suis un « toi » et tout autre est pour moi-même un « toi ». Ce fait est l’expression sensible d’une vérité profonde. L’essence réelle du Moi est différente de tout objet extérieur : c’est pourquoi aucun être étranger à lui ne saurait prononcer son nom en s’adressant à lui.

Les confessions religieuses qui ont su maintenir leur lien avec l’occultisme appellent le mot Moi « le nom inexprimable de Dieu », locution qui interprète notre pensée même. Aucune force extérieure ne saurait avoir accès à cette portion de l’âme humaine que nous considérons actuellement. C’est ici le « sanctuaire caché » de l’âme et seul un être peut y pénétrer dont l’essence est semblable à celle de l’âme même. « Le Dieu qui habite dans l’homme se révèle quand l’âme se reconnaît comme Moi ». De même que l’âme-sensibilité et l’âme-raison vivent dans le monde extérieur, ainsi la troisième activité de l’âme plonge dans le monde divin, en tant qu’elle s’élève à la conscience de son essence propre.

On pourrait aisément se méprendre sur notre pensée et croire que l’occultisme considère le Moi comme « un » avec Dieu. Il ne dit pas que ce Moi est Dieu, mais qu’il est de même essence que Dieu. Prétend-on que la goutte d’eau échappée de l’océan soit l’océan même, quand on dit qu’elle est un composé de même substance que l’océan ? Si l’on veut employer une comparaison, on dira que le Moi est à Dieu dans le même rapport que la goutte d’eau et l’océan. L’homme peut trouver en soi un élément divin parce que la racine même de son être est venue du divin. Ainsi par la troisième activité de son âme l’homme acquiert une connaissance intérieure de soi-même comme il acquiert par le corps astral une connaissance du monde extérieur. Aussi l’occultisme nomme-t-il ce troisième aspect de l’âme, âme-conscience, et d’après lui l’âme se répartit ainsi en trois fonctions : l’âme-sensibilité, âme-raison et âme-conscience, comme l’élément corporel en trois parties : le corps physique, l’éthérique et l’astral.