table = Génomique > astral > Moi > mémoire > propriété > âmeConsciencescience > force > synthèse

Force de l'Esprit

NOTE/RESUME AUDIO

 

L'étape précédente a exposé le préambule qui conclut à ouvrir l'examen que le Moi de l'Occultisme soit - comme la notion d'âme anticipait celle du génome - une anticipation de l'intelligence artificielle [je l'écris : /ia/]. Nous serions bien prétentieux de croire que l'/ia/ n'a pas été anticipée ; à côté des évidentes esquisses de machines par Léonard DeVinci, l'historienne de l'Hermétisme, Frances Yates attribue à Giordano Bruno des esquisses analogues préfigurant les ordinateurs et leur mémoire artificielle. Et une réflexion un peu poussée trouve évident que les érudits qui ont diffusés l'alphabets aux peuples esclaves, avaient quelques idées sur la sorte de programmation que l'écriture institue. Il n'est par conséquent pas vaniteux de compter que l'histoire de la pensée formula un signifiant désignant l'/ia/, sans pour autant la prophétiser, et que le Moi de l'Occultisme avait cette signification sans prétendre à ce qu'elle fut jamais industriellement réalisée.

Cependant aujourd'hui l'industrie réalise l'/ia/ et, pour maîtriser sa puissance il est certain qu'elle s'éclairera en consultant son anticipation. Du coup ceci nous mène à la scène qu'on appelle primitive et ci-dessus citée comme la diffusion de l'alphabet par les érudits. Comment ces lettrés concevaient-ils qu'ils appareillaient l'humanité sortant de l'analphabétisme? La réponse tient certainement dans la manière dont ils concevaient pour eux-même leur acquis de la lettre ; ils l'exprimaient dans un rapport à une divinité (par exemple, Thoth). Pour cette influence sur le corps éthérique - âme ou génome - Steiner compte-t-il les religions mais l'art aussi qui saisit directement la forme ou son "âme de sensibilité". Mais il mentionne une troisième influence qu'il nomme «esprit» - évidemment nous rencontrons encore une terminologie antique qu'il va falloir traduire, mais il ne sera pas besoin de chercher loin : si la signification du Moi se clarifie autant que l'appareillage cybernétique matérialise l'/ia/, l'influence de l'/ia/ sur le fonctionnement du code génétique n'a pas d'expression plus claire et matérielle que la chimie et notamment celle des synapses en l'espèce de ce qu'on appelle les drogues. Or dans l'antiquité, les drogues constituaient déjà l'appareillage le plus matériel de l'âme de sensibilité. Leur influence sur la physiologie et le comportement ne dément pas ce que Steiner appelle «le travail du Moi dans le corps physique»

 

: s o u r c e :

RS 1909 - ed.1976

ed. 1938

Cette réalité qui comme une goutte d’eau pénètre dans l’âme-conscience, l’occultisme la nomme esprit. Ainsi l’âme-conscience est reliée à l’Esprit, ou réalité cachée de toute manifestation. Si l’homme veut maintenant saisir l’Esprit en toutes choses, il doit procéder de la même manière que pour saisir le Moi dans l’âme-conscience. Il doit étendre à l’univers manifesté l’activité qui l’a conduit à la perception du Moi. Et c’est là qu’il évolue vers des manifestations plus hautes de son être. Aux éléments corporels et animiques il en adjoint d’autres grâce à cette activité supérieure. La première étape consiste à conquérir la réalité cachée dans les portions supérieures de l’âme : il y parvient grâce à un travail du Moi sur l’âme. On peut comprendre la nature de ce travail de l’homme, si l’on compare un individu tout entier adonné à la sensualité et aux passions inférieures à un idéaliste élevé. Le second peut sortir du premier si celui-ci renonce à certains instincts terre-à-terre pour s’appliquer à des inclinations plus hautes. Il a agi par la vertu du Moi de façon à spiritualiser et à ennoblir son âme. Le Moi est devenu le maître dans la vie animique. Ce progrès peut aller assez loin pour qu’aucun désir, aucune passion ne pénètre dans l’âme sans que le Moi soit la puissance qui lui en ouvre la porte. De la sorte l’âme entière devient l’expression du Moi, ce qui n’était auparavant le cas que pour l’âme-conscience. Au fond toute civilisation et tout effort spirituel de l’homme consiste en un travail qui a pour but la maîtrise du Moi. Et tout homme actuellement vivant est entraîné à ce travail, qu’il le veuille ou non, qu’il en ait conscience ou non.

 

Mais par ce travail, l’activité s’élève jusqu’à des degrés plus hauts de l’être humain. Cette activité fait évoluer en l’homme des organismes nouveaux. Ces organismes ont pour base la réalité cachée derrière la manifestation. Lorsque par le travail que le Moi accomplit sur la substance animique l’homme est devenu maître de cette substance de telle sorte que l’âme voit surgir en elle la réalité que cachait sa forme manifestée, il peut étendre ce travail à un autre domaine : le corps astral. Ainsi le Moi se rend maître à son tour de ce corps astral en s’unissant avec la substance spirituelle latente dans ce corps. Ce corps astral conquis par le Moi et transformé par lui s’appelle en occultisme le Moi-Spirituel (c’est là l’organisme que la théosophie désigne par le mot oriental Manas). Le Moi-Spirituel constitue une réalisation supérieure de l’être humain qui existe en tout temps à l’état de germe chez l’individu et qui surgit progressivement au cours de son travail d’évolution. De même que l’homme se rend maître de son corps astral en pénétrant jusqu’aux forces cachées qu’il recouvre, de même il peut transfigurer au cours de l’évolution son corps éthérique lui aussi, mais le travail sur la matière éthérique est plus intense que dans l’astral, car le substratum de l’éthérique est voilé deux fois de matière, tandis qu’un seul voile recouvre l’astral. L’occultisme peut donner une idée de la différence qui sépare ces deux stades en se référant à certains changements qui surviennent chez l’homme dans le cours de son évolution. Songeons, tout d’abord, comment se développent certaines qualités morales de l’homme pendant que le Moi travaille à transformer l’âme ; comment se métamorphosent le désir et la passion, la joie et la douleur. Reportons-nous au temps de notre enfance. Quels étaient alors les objets qui provoquaient en nous la joie et la souffrance ? Quelles connaissances nouvelles avons-nous acquises en plus de ce que nous savions à cette époque ? Toute notre évolution s’exprime par la domination croissante du Moi sur le corps astral. Car c’est ce corps qui est le siège du plaisir et du déplaisir, de la douleur et de la joie. Comparons par contre avec ces changements le caractère pour ainsi dire immuable de certaines autres qualités ou dispositions, qui constituent le tempérament de l’homme, les traits les plus profonds de sa personnalité. Un enfant impatient ne conserve-t-il pas dans son évolution ultérieure, du moins en grande partie, la même disposition ? La chose est si claire qu’il y a des philosophes qui nient absolument toute possibilité de transformer le caractère d’un homme ; ils admettent qu’il y a chez tout être une physionomie morale qui persiste à travers le cours de toute son existence, un élément permanent qui se manifeste de manières multiples. Mais ce jugement repose sur un défaut d’observation. Pour celui qui est à même de percevoir ces choses, il est évident que le caractère et le tempérament se modifient eux aussi, sous l’influence du Moi. Assurément cette transformation, comparée aux modifications qui surviennent dans les dispositions superficielles dont nous avons parlé plus haut, se distingue par une lenteur remarquable. On peut comparer ces deux ordres de changement pour leur vitesse relative au mouvement de la petite aiguille d’une pendule par rapport à celui de la grande aiguille. Les forces qui permettent cette transformation du caractère et du tempérament résident dans le domaine caché du corps éthérique ; elles sont de même nature que les forces qui régissent les lois vitales, c’est-à-dire tout le domaine de la croissance, de la nutrition et de la reproduction. La suite de cet ouvrage les placera en pleine lumière.

 

Ainsi, ce n’est pas en se livrant simplement à la joie et à la douleur, au plaisir et à la peine que le Moi travaille à transformer le corps astral, mais au contraire, en modifiant dans leur caractère propre ces états d’âme ; et de même, c’est seulement quand le Moi consacre ses soins à transformer ses traits de caractère, qu’il étend son activité au corps éthérique. Et il est, également vrai que tout homme, consciemment ou non, accomplit une partie de cette oeuvre.