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ANTICHAMBRE GALERIE SAINT DESSEIN
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argument

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table

part II - Gallerie
C.12
Mûr

Souvenirs de lecteur (du Chap.1 au présent) : Des ingénieurs et des théoriciens sont engagés dans une production littéraire, sous le label Science Fiction, alternative au savoir distribué par la propagande. Deux conceptions se distinguent à travers deux écrivains, Hapi et Bjop ; une fois leur distinction établie, ils se rencontrent à la demande de leur éditeur commun, Stuart : 

   
 05 

 

Le calculateur logique aura compris que durant le moment où Donna possédait le carnet de Neiwer, son doublon recevait la transition de Nath (occasionnant un court-circuit du STAF). Le carnet doublon de Nathalie par conséquent restait sans attribut. Conjointement quand l'ingénieur doublon de Neiwer s'est incarné il cherchait un nam - et donc naturellement Neiwer vers lequel Stuart pourrait le diriger. Cependant pour le calculateur Donna secondait Stuart et le nam de Nath fut adressé à Hapi, première doublure de l'éditeur et destiné à la psychohistoire. Tout le monde le prenait pour celui de Neiwer. Lapan lut Lapoe qu'il enseignait en Sardaigne et le circuit de La Lutte Volée ; seul Hapi vu comme le trouvailleur parmi les travailleurs, n'en fut pas aliéné mais convaincu ; seulement il ne savait pas de quoi. Quant à Bjop, il avait aucune raison de ne pas espérer retrouver une pleine fonction null avec son instrument, ni de chercher plus loin.

 

   On arrivait sur la Nouille quand on voyait par les hublots les grandes colonnes de fumées caractéristique de la Révolution permanente qui la rendait célèbre. L'avion réussit à se poser sans rentrer directement dans un immeuble. Bjop sortit par le tube, prit un petit déjeuner sur un roulant, puis prit un taxi et finalement prit un ascenseur - sans se faire prendre ; il souffla : le trajet avait été éprouvant, chahuté par la foule des travailleurs qui manifestaient et des manifestants qui travaillaient. Ils cherchaient tous des otages et chacun avait sa recette. La consommation des trompettes et des tromperies, et le désordre aussi, faisaient recette. Dans l'ascenseur, en comptant les boutons, épuisé, il fut pris d'un vertige - sans nam il devait tout faire de tête. Il se complaignit pour lui même :
   En le chassant si dépouillé, le STAF l'avait traité comme un ApA, presque un Aristotellicien tout court. Pressé d'arriver, fatalement il commit un lapsus de presser le bouton d'un étage en-dessous. Il arriverait logiquement plus vite.

   L'ascenseur s'ouvre en Pshhhhhhhhii... libérant son occupant qui ne se rend pas immédiatement compte qu'il n'était pas chez Hapi. Encore étourdit il sortait, traversait un grand hall plein de gens affairés, de machines partout et de câbles épars. Il se dirige vers la porte d'où sortait le plus grand volume sonore. Il se dit qu'il n'était pas au bon endroit quand une femme en uniforme lui poinçonnera un badge au revers. Bjop s'interpelle le cerveau, ce qui lui ouvrit les yeux. Il était dans un trente-six pièces au moins, que des gens cagoulés se pressaient de déménager ! « Qu'est-ce que tu fais-là ? » se demande-t-il sans même s'étonner de se poser un question trop banale pour une circonstance pareille.
   Il identifie des microphones qui pendent de trous dans les murs et plafonds que des plâtriers rebouchent, des headphones par terre et des téléphones en vrac. Un homme avec un liste appelle et compte des boites qui partent sur des diables dans l'ascenseur. Il se dit : « C'est un centre de surveillance qu'on ferme » Soudain d'une porte en face une troupe de distingués, tous en costumes chiffrés, trombe. Personne ne le remarque planté au milieu du chemin, mais lui le reconnaît : Dernays !!! Celui dont tout le monde parle sans dire son nom, dont les photos circulent sans que personne ne les voie - la coqueluche des Nenvouloiriensavoir en personne ; sauf que ça ne marche pas pour Bjop : le STAF connaissait jusqu'à son nombre de poils comme sur celui qui a marché sur la lune
. L'homme le plus important du siècle . La crème de l'ApA. Ils l'ont étudié durant une année ; sans réfléchir, comme mu par un vieux réflexe Bjop courre pour le rattraper et s'engouffre avec la troupe et Dernays dans l'ascenseur. Ils se tassent. Heureusement qu'il est prêt du bouton, il appuie l'étage juste au-dessus quand les autres ont pressé le dernier. Il y a même quelqu'un qui sort un mégaphone. A ce moment Dernays éternue ; une femme appelle " un mouchoir ! " et personne ne se rend compte que l'ascenseur s'arrête. Bjop s'évacue. Il a juste le temps de voir quelqu'un le prendre en photo avant que la porte se referme.


   Le voilà à l'étage suivant, dans un nouveau hall de marbre ; celui-ci tout au contraire vide et silencieux. Le changement d'ambiance a été brutal. Il s'appuie au mur pour être bien sûr et remarque qu'il entend respirer quelqu'un. C'est lui. Tout est lisse et moirant. Sur les côtés des titres miroitent à côté de boutons de trois portes luisantes. Il s'approche en plissant des yeux de flou et lit sur l'une " Inapak Hapimof, appelez-moi Hapi " ; il y est, il presse la sonnette. Elle pousse un cri et la porte s'ouvre en un éclair.
 -- Je vous attendais ! Stuart m'a averti de votre arrivée par téléphone - j'ai vu l'avion passer » Hapi lui serre chaleureusement la main et lui tape sur l'épaule « Rien ne vaut une bonne conversation érotique en fesse à fesse...
   Un vacarme soudain couvrait la voix d'Hapi et Bjop n'est pas sûr d'avoir bien entendu. Dans l'assourdissement, Hapi n'entend pas non plus le bonjour en retour et croit que Bjop demande la bonne ; « Quelle nature ! » pense-t-il. Ils se mettent à courir : à lu d'oreille c'est un hélicoptère qui attaque le dernier étage. Soit a-t-il été abattu soit s'est-il posé. Des ordres lancés au mégaphone et une cavalcade sur les toits annoncent cette-fois-ci nettement un hélicoptère qui s'arrache et se détache. Et s'éloigne. Du calme revient. Bjop réfléchit à la scène du dessous pendant qu'il suit Hapi qui le mène le long d'un couloir. Il réalise qu'il a assisté au déménagement d'un Escadron de la Surveillance de Dernays. Bjop comprend que Hapi est surveillé. Mais Hapi le sait-il ? Il préfèrerait le savoir pour le lui dire, au cas où il n'en voudrait rien savoir.

   Au quatrième coude de couloir ils arrivent dans un salon. Le décors est moderne, tableaux et sculptures sont de femmes nues bariolées. Volières et aquariums voisinent de grands fauteuils. En s'enfonçant dans un mauve à l'invitation de son hôte, Bjop explique « Stuart a suggéré notre rencontre car vous posséderiez une carte
   Hapi lui répond de dos en manipulant un mur de machines que Blop reconnaît sans peine : une machine à glaçons, une autre à les broyer et l'une à la suite de l'autre : à les aligner, à les peser, les polir, les colorer, les scanner, les vérifier etc... Le cœur nostalgique de Bjop se serre au souvenir du jardin flocanique si naturel. Il examine les mannequins qui bougent quand on leur touche des morceaux choisis, en attendant que Hapi termine par l'analyse spectrale. Le roboticien revient en les agitant dans deux verres et crie pour couvrir le tintement nerveux « Je soupçonne Stuart de me faire travailler pour l'atomique
 .. Il veut dévier la conversation » pense Bjop
 -- Mais un admirateur m'a fait parvenir un carnet dont les observations m'ont définitivement convaincu que c'est par la religion qu'il faut passer » explique Hapi en faisant suivre un bac à glace sur chariot luminescent mobotique.
 -- À moins d'utiliser judicieusement la fonction placebo » répond Bjop qui sait que Hapi n'ayant pas su opérer le nam reste convaincu par défaut. Puisqu'il exagère, il choisi de le pousser à l'extrême : « Dans ce cas, la propagande supplante en rendement la religion. Le secret est un boulet, vite et fort lancé, fidèle et lourd attaché.
  .. Stuart m'envoie ce gars pour que je lui écrive la psychohistoire de mes prêtres atomistes dont le secret devient public » pense Hapi qui ne sait pas que Bjop pense trop au carnet. Il répond en alignant les jus de fruits « Si Stuart m'a opposé qu'il fallait déchiffrer l'alibi c'est que le placebo de la propagande n'élimine pas la religion. Faut-il que je vous persuade aussi que la solution passe par les robots ? Je ne suis pas naïf, je sais qu'il faut les insuffler d'un code, un programme qui fonctionne en masse - car la psychologie collective comporte une..
 -- Vous croyez vous aussi.. » l'interloque Bjop
 -- Ne plaisantons pas ! Allons au but : Stuart doute de lui-même s'il doute de mon Zéro Shéma ; il redoute que l'éloptique ne tienne au taux zéro de radionic - ça montre sa déroute. Il cherche un sauvetage dans sa psychohistoire parce qu'elle est statistique. Elle approcherait le zéro sans le toucher. Mais il suffit de lui donner de l'histoire. Je vais donner à Stuart un évènement historique. Avec une racine dans l'Histoire, mon zéro schèma fixe un état plus vital que les machines abstraites de notre éditeur » crâne Hapi « J'ai tiré l'épine du pied de Syracuse ; Céline dit que dans la pomme le ver tue l'amour. Envers l'épine le soleil de la nuit, c'est clair ! Mon Zéro Schème Amon Amour 
10  s'enracine dans l'archéologie la plus sure ; de quoi mettre sur terre les pieds de sa psychohistoire. Je l'appelle " ZSAA " pour faciliter la lecture. La radionic à zéro n'a plus rien à craindre dans la graine du dieu le plus célèbre ; l'éloptique elle-même n'aura plus besoin de machine de Hier... 

   Si ce ne sont les effets placebo, des glaçons aux colorants inertes, la proximité d'un AnA provoque en Hapi une élévation des taux d'écho dans la pensée, observable par Bjop, qu'il mesure par la hauteur des défenses : l'appel à la machine de Hiéronymus, à son milieu éloptique et à l'énergie radionic sont des indicateurs de saturation. Lorsqu'au cœur de cette limite défensive il entend parler d'épine de Syracuse, le degré de probabilité de la raison de la dissidence d'Athènes lui saute aux oreilles. Puis y sonnent l'alerte quand la phrase qui fait suite désynchronise la chaîne syllabique qui remonte de la vertu de l'amour à la pomme d'Adam en partant d'un déplacement d'Ève en Céline qui appuie l'hypothèse Dion à la tyrannie de la cité sicilienne pour laquelle Socrates était mort. La sœur du mec aristo (Dion), Aristomac ayant épousé le Tyran (Denis), Hapi était motivé à refouler son admiration ; et confirmait toute l'hypothèse en annonçant l'inversion, c'est à dire le soleil noir d'Aton qui avait autorisé l'Oedipus Tyranus à migrer en secret d'Amarna à la fuite, que serait sans cesse mené à suivre Amon. Le cerveau-double de l'AnA Bjop détectait le chiffre psychohistorique dans l'extrémité que manifestait Hapi touchant à l'histoire, là où Hapi lui-même se serait entendu proche de la fusion de lave étnique comme un Empédocle cherchant la raison des races au bord de l'Etna. Sa perversion glacière s'éclairait mais, pour éviter qu'il n'en perde les sandales  12   à un tel point ruptif, Bjop devait piquer de la pointe du refoulé.

 -- Cette fois je vous interromps pour de bon » sursaute Bjop « non merci, sans colorant le glaçon - je vous arrête parce que la relation d'amour Amon ne peut pas fleurir dans l'histoire sans qu'on ait sorti du paravent la solution alternative de la bombe atonique  1 .
 -- Vous avez tort, moi par exemple je digère beaucoup mieux les bleus. Le secret qui est la première couverture de la religion, est attaqué par la science. Nous sommes d'accord. Les responsables passent donc une couche de placebo, mais à son tour le placebo est instabilisé quand il appelle son alibi ; le secret n'avait pas besoin de ça ! Moins le gouvernement est brillant pluss il peut s'en sortir par l'embrouille. Il a trouvé tout ce dont il avait besoin dans le complexe de la famille de Fraude.
 -- Nous connaissons la suite » reconnaît Bjop « appuyé sur son oncle incarné, l'alibi du secret de Dernays est dressé sur l'Amon de Vénus. Même placé beau c'est un décalage d'Horus
  17  .
 -- On voit donc qu'il suffit de renraciner le placebo dans un fait historique pour qu'il ne soit pas nécessaire de chercher midi à quatorze heure. 
  Techniquement Bjop, qui est instruit du null, exclut toute stratégie. Mais Hapi le met en face d'une personne qui fait un complexe anti-religieux. Il faut donc lui répondre par une théologie et répliquer par un raisonnement non-Aristotellicien.
 -- Vous prétendez donc pouvoir faire croire qu'il existe un Robot, le The robot au placé beau du zéro schème - comme Stuart pense qu'il suffit de décrire une machine pour qu'elle opère ; c'est un placebo pour un autre placebo. L'un comme l'autre est démonté par l'alibi lire au schéma qui provoque l'atonique. C'est ce que prouve le déchiffrage de la religion de l'hors-heure par la bombe atonique.
 -- Personne n'a jamais pu prouver la moindre existence d'une bombe atonique ! il n'y a rien de déchiffré » conteste Hapi désaisissant l'antériorité de la preuve « par conséquent il n'y a pas moyen de la faire exploser. Il ne reste bien que le zéro schème Amon amour avec la bombe atomique sans rivale. Personne n'oserait donc la contrôler. C'est donc par une machine individualisée, un robot, qu'on peut la maîtriser.
 -- J'admet qu'on ne peut envisager que quelqu'un soit un jour suffisamment taré pour imaginer lancer une bombe atomique sur des gens » répond Bjop au courant que la propagande fait croire que ça a déjà existé « mais même avec des lois qui l'empêchent de nuire, le caractère individuel du robot le rend sujet à des pressions collectives comme tout individu. Donc par nécessité c'est une machine opposée, c'est à dire une machine collective qui permettra le règne de votre singulier robot » conclut-il pour l'aristo par sa logique ApA.
 -- Le ZSAA est bien plus qu'un contrôle » résiste Hapi qui monte en tours logiques « C'est le chiffre qui suffit, en s'ajoutant à toutes les lois antérieures de la collectivité et même l'humanité. La Loi Zéro protège l'humanité mais il faut l'annuler pour l'activer ; tel est le sommet de l'art » explique-t-il sûr de son faît « C'est la collectivité qui chapeaute ce  Zéro  en pratiquant la religion. Vous avez besoin de voir ça ? Allez-y ! il existe une peuplade qui fait de l'ordinateur son tabou. Ils sont frappés de terreur si on gratte une puce ou se moque d'une icône. Du coup cette machine devient forcément un robot et la Zéro passe comme sur des roulettes, par ce robot, et à l'insu de ses dévots.

   Bjop suce un glaçon qu'il préfèrerait se mettre sur le front. Le STAF y avait passé trois années, ayant conclu que l'atonique était paru par parution de l'écriture, tandis que l'atomique apparaissait suite à la disparition du code - puisque l'informatique déchiffrait l'information. C'était donc le savoir collectif qui succédait au su que cédaient leurs prédécesseurs à la lettre. C'était historique et faire de l'anthropologie primitive à la place c'était comme étudier une noix pour faire une théorie du cerveau. « Comment un homme qui cherche à rendre un robot divin peut-il soutenir qu'en divinisant une machine elle devient robot ! » se demandait Bjop.
 -- Vous devriez retourner convaincre Stuart que la psychohistoire qu'il cherche, c'est la machine de ces croyants » continue Hapi en rangeant les verres « ensuite le convaincre de me laisser écrire mes robots sera un jeu d'enfant.
   Hapi déroule une carte sur la table. Bjop comprend qu'il ne lui remettra pas le nam mais tout devient clair. Ce n'est pas la psychohistoire que cherche Stuart mais la chose - et seulement par connexion la machine. Lui revient alors l'ultime message de Neiwer. Il y a des doutes que Stuart ait eu connaissance de l'écriture S°° ? Il le rencontrait quand il l'appliquait aux cahots de l'histoire : impossible que Hapi ne soit sous son influence 
50  . S'il le cache, c'est donc un nam qu'il détient. Mais cela étant vérifié, pourquoi Hapi ment-il ? se demande Bjop. Selon ses données, sans Donna, c'est celui de Neiwer. Plus que jamais c'est son son ex-doublon qu'il doit trouver. Seulement pourra-t-il alors comprendre son double cerveau par l'écriture de son double. Hapi pose son doigt sur une zone effacée ou illisible. Il n'y a plus de temps à perdre.
 -- J'y vais de ce pas ! » déclare-t-il en se levant. Hapi est impressionné et il n'ont pas à se faire d'excuses. Pendant qu'il les remet dans un fondeur de glaçons qui n'ont pas servi, il a déjà pris congé et finit de s'habiller dans l'ascenseur. Il est pressé par l'idée qu'il a derrière la tête et... ne descend que d'un étage, cette fois-ci bien calculé.

 

   Comme c'était à craindre, il arrive trop tard. L'escadron de Dernays a décampé mais aussi tout est vidé. Le vacarme de l'hélico signalait bien le départ de l'escadron surveilleur et de son chef par les toits. Il ne reste que des poussières et des morceaux de plastique qu'une vieille femme balaie. Bjop n'a pas la moindre chance de récupérer une précieuse parcelle de la surveillance d'Hapi, à moins d'une machine à remonter le temps... En voyant la vieille cette idée saugrenue prend du poids. Il doit s'asseoir par terre un moment. Elle a disparu dans l'une des trente-six pièces abandonnés. « Une machine à remonter le temps doit être vieille.. ». Il lui faut chasser cette idée. Bjop se relève avec effort en faisant des gestes, se réoriente en rétablissant son équilibre, calcule l'orientation de l'ascenseur et démarre en lançant un pied. À la deuxième porte il le voit (l'ascenseur) - maigre succès qui néanmoins lui remonte le moral quand à la porte un balais se met en travers de son chemin !
 -- Je sais qui vous êtes » chuinte une voix pleine de poussière et de papier « Je surveille Dernays.
   C'est un nouveau dilemme. Il espérait trouver des indication sur Hapi à travers les traces de la surveillance de Dernays. Il trouve quelqu'un qui surveillait Dernays et qui est sur ses traces. La phrase lancinante lui revient : « Une machine à remonter le temps doit être vieille.. » Il n'est pas possible qu'une femme de ménage lui fasse un tel effet, se geint-il.
 -- Vous êtes un doublon incarné. Dernays a laché la surveillance de Hapimof dès que vous êtes entré.
 -- Aïe ! Me voilà dans le décors » geint-il cette fois-ci tout haut. Quelqu'un semble être en recherche qui ne saurait savoir qu'il y a un null dans le Mûr.
   La vieille femme insiste en lui tapant les tibias. Il geint encore, revoit le STAF et sa tranquillité, le Jardin Flocanique aux critaux délicats, sa théière de compagnie, les délicieuses cogitations d'ingénieurs. Il donnerait tout pour les retrouver, mais il doit se défendre : 
 -- Ce n'est pas ça un qu'hors ! » nie-t-il à l'évidence. La femme en effet n'en a cure :
 -- Pendant qu'ils débarrassaient le plancher, ils ont enregistré quelques minutes chez l'autre au-dessus » continue-t-elle en recommençant à balayer « Vous voulez visiter ce peuple qui tient ses ordinateurs pour totems ? Vous ne trouverez rien dans la lagune, avant de rentrer chez vous passez par le Suer. C'est le Territoire sans carte. Prenez un mot pour passer droit.
 -- Savent-ils que j'y vais?
 -- Pas si vous cherchez sur une carte ; ils penseront que vous savez où aller et ça les fera rire » dit la balayeuse en sortant de sa poche l'adresse sur un morceau déchiré. Il la prend. Elle le pousse du balai dans l'ascenseur.

   Dans le descenseur Bjop réfléchit. Quel drôle de négapole que la Nouille aux Requins, se dit-il, d'un même ascenseur on rencontre le roi de la propagande, le roi de science-fonction, une machine à remonter le temps.. je me demande ce qu'il faudra que j'écrive encore dans mon roman.

 

 

   C'est ainsi et pourquoi Bjop a visité le Suer, une région où le soleil frappe si fort qu'il écrit son nom par terre. Rien n'est ineffaçable ; après l'abolition de l'esclavage, l'esclavage n'avait perdu que son nom. Bjop tendit le papier froissé qui donnait la destination : ' L'âme Hors, cœur de la Rache, Suer '. Le passeur lut et le prit en barque. Il commencèrent à glisser sur une huile sombre. Il expliqua qu'il était bateleur, non batelier, parce qu'il n'avait pas de gouvernail. Ils pénétraient les terres par un jeu de méandres qui mouvaient en même temps. Bjop reconnut du pétrole rouge. « Elles sont creusées par les noms perdus puis tenues par les Libres » prononça le passeur qui parlait peu. Le pétrole imprégnait la barque, sur le banc Bjop en passant le doigt traça "  esclaves  ", la seule question qui n'avait pas de sens déjà. L'homme lui fit signe de s'asseoir dessus et répondit qu'il priait Hordi. Ils arrivaient. Les marins au chômage depuis les marées noires n'avaient plus utilisé la coque des barques que pour faire des maisons à l'envers. Cela faisait un joli village où le pétrole séchait. Ils atteignaient la Rache. Les coques en huttes, naviguaient dans le ciel avec des quilles effilées comme des moustaches. À son arrivée on écrivit "Hôtel" sur une barque. Il s'y reposa.

   Bjop rencontra L'âme Hors. Son sanctuaire occupait le cœur, au sommet visible de chaque endroit sur la Rache ; Hordi était un monstre sans tête dont les tentacules s'étendaient jusqu'à chaque ordinateur des habitants. Sa colossale architecture était entourée d'ogives nucléaires, creuses comme l'ordinateur lui-même. Ce n'était que des squelettes habités de gardes en l'habit typique des modèles vénusiens que Bjop avait imaginés pour le peuple Vénusage . Il en prit froid ; il avait été victime d'un déjà su et l'oracle que Bjop trouvait avait inspiré à Hapi la crypte de la psychohistoire. L'âme Hors commandait donc comme un voyant aveugle, sans distinction. Il donna un gage à Bjop. «..Tu observeras chaque ordinant pour dénoncer ceux qui auraient piraté ou modifié un composant » qui lui retourna l'estomac : cette surveillance était trop amorphe pour ne pas mettre en doute le STAF - pour la première fois de sa vie. Rendus dans les foyers, il constate ce que Hapi lui avait annoncé : l'informatique avait rendu le peuple esclave de la Rache capable d'un sentiment religieux, bien qu'il s'était agglutiné sur le réseau d'une intelligence artificielle délabrée.  « La puissance du cru.. » se murmura-t-il. Avec L'âme Hors, sa trinité comptait une compagne L'âme Hour, et les prêtres alphabètes d'Hordi qui étaient chargés exclusivement de bénir les habitants perpétuellement en conflits les uns avec les autres. C'était la démonstration indiscutable de l'argument de Hapi.


Metropolis

   On lui dit qu'il ne partirait pas, que c'était impossible qu'il oublie. Mais Bjop rompu à des années de null avait immédiatement détecté ce qui ne se présentait pas : il n'y avait pas non plus de robots. Le sanctuaire qui dominait la capitale du Suer n'était qu'un magnétophone qui répétait en boucle l'ordre de la boucler et de se surveiller. Il lui suffisait de partir sans rien dire ni regarder. Il réemprunta la barque du passeur qu'il paya cher pour vérifier ses conclusions - en se penchant il entrevit des organes génitaux dont il se servait par gravité. Pas besoin de boussole, un fil à plomb suffisait ; d'un côté ou de l'autre il manœuvrait sur l'huile, il n'y avait aucune cybernétique. Le Suer avait donc bien réussi à vivre dans le pas-C'est. Mais il s'engloutissait dans le pétrole.

 

 


notes

  05  : Homo Pouvoir n'a pas de figure dans Lascène démontrant sa nature virtuelle. La matérialisme historique que Bjop découvre n'a aucun besoin de cette fiction d'Homo Sapiens parue avec son identification de la génétique. Toute l'humanité est à la masse au moment où elle prend connaissance de soi.

  1 : « Zéro Schème Amon Amour » = Hiroshima Mon Amour - film de 1959 selon lequel l'amour en efface le souvenir de 1945. Le rattachement de l'amour à l'infini suscité par la multiplication d'une population par zéro en mentionné par Hapi. Au décours son étude avec Stuart il ajoute à l'amour du zéro shème la référence au fait historique (Amon) pour répondre à la superfétation du fait (Héironymus)

  12  : Ressources éventuelles sur le chapitre Syracusin :   ( & au chapitre des oeuvres littéraires impliquées dans le refoulement )

  14  : À partir du 20em siècle, l'égyptologie démontre que la mention d'Amon n'est pas déchiffrable dans l'histoire sans celle d'Aton - condition qu'auparavant Adon/Adonis exigeait sans crédit scientifique (lequel manque de crédit paraît comme une épine traitée note.17)

17  : Si la fonction phallique est portée par Vénus, Diane, Ishtar, elle la tire de la castration - du remontage raté d'Osiris par Isis - qui mène leur fils Horus à l'issu d'un pénis décalé. Les vertus de sa métaphore (du pénis à la mère) sont réduites, satisfaisant au seul temps. La vertu du temps gagne néanmoins son isolation dans le procédé - donnant lieu à l'art de la mémoire

50  :  Tels sont les cahots des bosses sur le plat statistique du chaos - aussi conçus par Hapi comme les évènements historiques qui cabossent l'histoire - différent du bug/Dick

 


   20140709233500 
annoncé sur site-cabinet-DWT

   Enregistrement vidéo du commentaire / DWT sur Lascène.Chap.12   

   index chronographique :  

01:00:04     Lever de la Sémantique

04:06:19     Linguistique & Sémantique

05:19:05     Analytique de Schème alibi

18:36:22     Ire au Schème Amon Amour

22:51:24     Psychopathologie de l'ire

26:39:04     le Ver Aton

seconde partie